La crise à la frontière polono-biélorusse entraîne un changement majeur de la politique migratoire de l’UE. Jusque-là lourdement condamnée par Bruxelles et Berlin, la défense des frontières extérieures prônée par Victor Orbán est aujourd’hui encouragée.
À partir des années 1990, avec la crise yougoslave et la guerre civile algérienne, les questions migratoires ont divisé les États membres de l’Union européenne. Dès le début, deux camps se sont opposés, correspondant plus ou moins aux pays de l’Ouest et à ceux de l’Est : d’un côté, les « humanitaires », partisans d’un accueil généreux et d’une insertion des demandeurs d’asile, et de l’autre les « protectionnistes », partisans du refus de s’accommoder des réfugiés à l’exception d’une poignée de dissidents politiques. Aujourd’hui, en pleine crise migratoire biélorusse, les valeurs de l’Europe de l’Est ne sont plus aussi rébarbatives aux yeux des pays de l’Ouest. La vieille querelle entre « humanistes » et « protectionnistes » est en train de se résoudre grâce au président autocrate, Alexandre Loukachenko qui, sans le vouloir, a provoqué, dans les grandes nations de l’UE, une synthèse inédite entre toutes les droites et une partie de la gauche.
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Pour comprendre ce basculement, il faut remonter à la crise migratoire de 2015, lorsque la
