En Afrique du Sud, l’opération Dudula réclame le départ du pays des travailleurs étrangers
« L’Afrique du Sud aux Sud Africains », « Sauver notre pays de l’immigration illégale ». Tels sont les mots d’ordre du mouvement « opération Dudula » (« refouler » en zoulou).
Dans un pays où le chômage avoisinerait 46%, la présence de quatre millions d’étrangers du Zimbabwe ou du Mozambique n’encourage guère à l’altruisme.
South Africa first
Le 12 février, une grande marche a réuni près de 2000 Sud Africains noirs à Johannesburg. Vêtue de t-shirts blancs, la foule a battu le pavé en chantant et en dansant. « Les étrangers volent les emplois des Sud-Africains », ont-ils clamé entre deux mouvements de bassin. Des festivités qui ne sont pas du goût de tous. Cyril Ramaphosa, le président affilié à l’indétrônable ANC (Congrès National Africain), a dénoncé des « rassemblements essayant de fomenter des sentiments et attitudes négatives » envers les travailleurs illégaux. Une mise en garde qui n’a pas du tout calmé les ardeurs des « compagnons patriotes sud-africains », comme ils se désignent. En Afrique du Sud, ces marches enfiévrées font couler beaucoup d’encre, mais pas seulement : lors d’une manifestation dans le township de Soweto, la police a ouvert le feu. Qu’à cela ne tienne. Sous les auspices du slogan « Put South Africa first », l’opération Dudula est allée à la campagne y prôner la remigration. Une croisade qui n’est pas sans rappeler les petites virées d’Eric Zemmour dans nos terroirs. En proie à de fortes pressions migratoires de la part de ses voisins africains, l’Afrique du Sud fait régulièrement face à des bains de sang. En mai 2021, lors d’un discours à l’ambassade de France à Pretoria, à 60 km de Johannesburg, Emmanuel Macron s’était adressé aux jeunes de France issus de l’immigration en ces termes : « Vous êtes une chance pour la France ».
Espérons qu’il retourne vite à Pretoria y rétablir la concorde. Car entre la nation « arc-en-ciel » et la théorie du Grand Remplacement, il n’y a désormais qu’un pas.