Au programme du spectacle «No(s) dames»: déconstruction des classiques opératiques et drag-queeneries en tout genre.
Le 11 avril, le contre-ténor Théophile Alexandre et le quatuor féminin Zaïde donnaient un spectacle intitulé « No(s) dames » au Trianon de Paris.
Ces artistes prétendent revisiter les figures d’« héroïnes d’opéra aux destins tragiques ». Les rôles de Carmen, Manon ou Juliette y sont incarnés par des hommes afin de « déconstruire les codes » et d’aller au-delà des « fatalités de genre ». Selon Emmanuel Greze-Masurel, le directeur artistique du Volcan, le centre culturel du Havre où eurent lieu les premières représentations en 2022 : « D’un certain point de vue, l’opéra est l’un des fleurons du patrimoine patriarcal. » Lui et Théophile Alexandre ont donc choisi de privilégier un quatuor de musiciennes plutôt qu’un « orchestre rugissant – encore aujourd’hui majoritairement masculin – et un chef, avec une grande baguette », nous apprend la revue Causette qui, enthousiaste, décrit les folies vestimentaires et drag-queenesques du contre-ténor jouant « avec des bustiers corsetés, des robes entravées et des talons vertigineux ».
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De Diapason à Têtu et France Musique, la presse applaudit à ce spectacle qui « réhumanise les grandes arias de divas composées par des hommes » – Bizet, Grieg, Verdi, Mozart, Rossini, Massenet, des monstres masculinistes qui n’accablèrent leurs héroïnes que pour assouvir leur appétit de domination sur « ces femmes, condamnées depuis des siècles aux rôles d’éternelles victimes ». Le passé coupable, le présent vertueux, l’avenir radieux – adossés à ce triptyque totalitaire, le spectacle propose « un point de vue renouvelé sur ces œuvres, musical et sociétal, pour démuséifier cette musique et la projeter vers l’avenir en incarnant de nouveaux modèles (1) » – c’est-à-dire, aurait dit Mao, pour faire advenir un monde nouveau dans lequel Carmen pourra être indistinctement incarnée par un contre-ténor non binaire, une mezzo-soprano transgenre ou un baryton « avec un utérus ».
Tout ce qu’on voudra, du moment que ce n’est pas… une femme.
(1): Entretien donné à La Terrasse, 22 novembre 2022
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