Accueil Culture Tous Dehors: une petite histoire de l’opéra (et du jazz)

Tous Dehors: une petite histoire de l’opéra (et du jazz)

Plusieurs siècles d’opéra remaniés façon jazz offrant un décalage musical assumé


Tous Dehors: une petite histoire de l’opéra (et du jazz)
L'Ensemble Tous Dehors © Christophe Charpenel

Après un premier opus, sorti en 2010, le sextet Tous Dehors se produisait au Studio de l’Ermitage (XXème arrondissement) pour son deuxième opus. Six musiciens éclectiques et polyvalents, noyés dans les instruments qui envahissent la scène. L’art du mélange des genres maîtrisé à la perfection!


 

J’étais partie avec un certain a priori, pas forcément négatif. Je me demandais simplement comment était-il possible de mêler de l’opéra et du jazz.

En témoigne le premier morceau joué : la Toccata de l’Orfeo de Monteverdi… Au balafon et à la guimbarde (si si !). Plus encore, c’est du Bizet, du Wagner et du Vivaldi (entre autres) qui nous ont été proposés d’écouter, le tout sublimé par une incroyable soprano – Tineke Van Ingelgem – aux airs de Maria Callas… Ça ne s’invente pas !

À mesure que les chansons défilaient, les musiciens passaient d’un instrument à l’autre dans une décontraction et une humilité qui les rendaient d’emblée sympathiques (c’est qu’ils le sont en plus !). Saxophone, clarinette, cornemuse, tuba, glockenspiel, batterie, guitare… Leur convivialité communicative donnait forcément envie de participer, et ce fut chose faite avec le « piano préparé » – qui consiste à placer des objets sur les cordes de l’instrument, ce dont le public est doté, en l’occurrence des clefs et des stylos – pour un rendu à la fois sublime et surprenant.

Mais il ne faut pas se méprendre, Tous Dehors ce n’est pas qu’une entreprise de démocratisation de l’opéra mais plutôt une réappropriation réussie. Et plus qu’une palette d’instruments c’est aussi, et surtout, une palette d’émotions. Le public passe consécutivement du mélancolique Air de Micaëla de Bizet à la candeur du Chœur des enfants, sans risque de fausse note et pour finir, avec brio et dans l’emballement généralisé, sur un morceau aux influences slam, au cours duquel la cantatrice s’est muée en véritable rock star.

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À la fin du spectacle (c’est toujours trop court quand c’est bien), je suis allée voir Laurent Dehors, le metteur en scène. Il a eu cette phrase qui mérite d’être rapportée : « Nous voulons sortir des petites cases, de cette manie de tout ranger dans des tiroirs, mais c’est difficile ». L’Opus 2 de Tous Dehors n’est, à l’évidence, pas la partie d’un tout mais plutôt, et comme disait Paul Verlaine, « de la musique avant toute chose ». Musique, certes, inclassable et c’est tant mieux ! Il n’en demeure pas moins un merveilleux spectacle offert par des musiciens hors pair qui ne s’adressent pas qu’aux mélomanes, mais aussi aux curieux, et mériterait sans aucun doute de sortir des petites cases. Un monde à part qu’il est impératif de découvrir et qui, j’en suis sûre, mettra tout le monde d’accord.

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