Accueil Culture « A l’opéra, c’est la couleur de la voix qui compte, pas celle de la peau »

« A l’opéra, c’est la couleur de la voix qui compte, pas celle de la peau »

Entretien avec Emmanuel Dupuy, le rédacteur en chef du magazine "Diapason"


« A l’opéra, c’est la couleur de la voix qui compte, pas celle de la peau »
Emmanuel Dupuy. © Hannah Assouline

Un rapport commandité par le directeur de l’Opéra de Paris pointe la sous-représentation des artistes non blancs dans le répertoire de l’établissement. Emmanuel Dupuy, rédacteur en chef du magazine Diapason nous rappelle que cette population est également absente dans le public et que tous les grands génies de l’Opéra étaient des hommes blancs…


L’Opéra de Paris traverse la plus grande crise de son histoire : outre sa fermeture par temps de Covid, l’institution, minée par des syndicats tout puissants, est un gouffre dans lequel disparaissent argent public et productions artistiques. Et que fait son directeur ? Il commande un rapport sur la « diversité ». Et Alexander Neef a eu ce qu’il voulait. Pap Ndiaye (historien, spécialiste des minorités et directeur du palais de la Porte-Dorée qui abrite le musée de l’immigration) et Constance Rivière (écrivain et militante socialiste) lui ont rédigé un rapport sur mesure pointant, on s’en doute, une scandaleuse sous-représentation des minorités visibles. Le patient était déjà malade, il ne restait plus qu’à lui tirer dessus.

Tentons de comprendre ce traitement absurde avec Emmanuel Dupuy, rédacteur en chef du magazine Diapason.

Causeur. L’un des chapitres du rapport s’intitule « La diversité, grande absente de l’Opéra ». Est-ce une réalité ?

Emmanuel Dupuy. C’est une réalité indéniable, parmi les artistes comme parmi le public. Le problème concerne d’ailleurs toutes les institutions de musique classique européennes, pas seulement l’Opéra de Paris. Mais est-ce un problème ? Certains en doutent, ramenant ces débats à un énième symptôme de la mauvaise conscience de l’homme blanc. Pour ma part, je vois plutôt dans ce décalage un poison qui, à terme, risque d’aggraver la marginalisation déjà cruelle dont souffre la culture classique dans notre société.

S’il en était besoin, une Jessye Norman a démontré avec éclat que l’on peut être noire, descendante d’esclaves et incarner les blondes héroïnes imaginées par Wagner – un compositeur pas franchement sensible au discours


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Mars 2021 – Causeur #88

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste. Dernière publication "Vivre en ville" (Les éditions du Cerf, 2023)

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