En 2015, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté 20 résolutions contre Israël contre seulement 3 résolutions sur le reste du monde à savoir, la Syrie, l’Iran et la Corée du Nord. Rien sur la Chine, la Russie, l’Arabie Saoudite, Cuba, le Yémen, le Pakistan, le Soudan et toutes les autres démocraties progressistes. Voilà à quel niveau les Nations Unies placent Israël. C’est grotesque mais c’est ainsi.
Et 2016 n’apportera manifestement pas de grands changements. Dans son tout dernier rapport, la Commission de la condition des femmes de l’ONU (la CSW) a réussi le tour de force de ne trouver qu’un seul pays à condamner : Israël, bien sûr. Ce qui, à bien y réfléchir, n’est pas vraiment un tour de force puisque la même commission a rendu un rapport similaire l’an dernier.
L’Etat juif est, cette fois, voué aux gémonies pour ses prétendues violences contre les femmes palestiniennes. Pour la CSW en effet « l’occupation israélienne demeure le principal obstacle à l’amélioration de la condition des Palestiniennes, à leur promotion, à leur autonomisation et à leur participation au développement de leur société ».
On regrettera que la CSW n’ait pas entendu la militante palestinienne Ahlam Akram qui estime que les lois relatives au statut de la femme arabe « remontent à l’âge de pierre » et que les pays arabes ne font quasiment rien pour améliorer le statut des femmes, sous prétexte qu’ils sont occupés à «la grande campagne contre Israël ».
On regrettera que la CSW n’ait pas été informée que, selon la loi islamique largement appliquée par l’Autorité Palestinienne (en Cisjordanie) et le Hamas (dans la bande de Gaza), les femmes sont discriminées par les lois régissant le mariage, le divorce, la garde des enfants, l’héritage et les violences conjugales, que les hommes et les femmes n’ont pas d’accès égal à la justice, que les femmes n’ont pas la même valeur comme témoins devant les tribunaux.
On regrettera que la CSW n’ait pas pris en compte les rapports du Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme qui affirme que la récurrence des meurtres de femmes est due à la relative impunité « accordée aux hommes lors des crimes d’honneur » (meurtres de femmes par leur propre famille pour avoir eu des relations extraconjugales) dans une société ultra-patriarcale dans laquelle la femme est considérée comme la propriété de sa famille laquelle en dirige la vie sociale, sexuelle et professionnelle.
On regrettera que la CSW ne se soit pas intéressée au Hamas qui interdit aux femmes de sortir sans être couvertes, de participer aux épreuves sportives comme le marathon de Gaza annulé par l’UNRWA en 2013 pour cette raison, de monter sur une moto ou un vélo, de fumer le narguilé en public, de participer aux danses folkloriques, qui oblige les filles dans les écoles et les universités à porter le voile, qui oblige les femmes à sortir accompagnées d’hommes de leur famille…tout cela au nom d’une campagne de « promotion de la vertu » motivée, selon les responsables du Hamas, par « l’inquiétante progression des comportements amoraux ».
On regrettera que la CSW ne considère pas cet état de fait comme constituant un « obstacle à l’amélioration de la condition des Palestiniennes, à leur promotion, à leur autonomisation et à leur participation au développement de leur société ».
C’est immanquablement la même chose. En votant cette condamnation, la CSW entretient les palestiniens dans l’illusion qu’ils ne sont jamais responsables de rien et surtout pas d’eux-mêmes et leur permet d’utiliser un forum consacré aux droits des femmes comme une tribune anti-israélienne.
Il y a, dans cette obsession pathologique pour Israël, quelque chose tout à la fois d’indécent et de pathétique. Surtout qu’en matière de droits des femmes, d’autres pays méritent une attention particulière.
Rien. Pas une condamnation de la Commission de la Condition des Femmes sur l’Iran où :
– Les femmes ne peuvent ni voyager, ni travailler, ni suivre des cours à l’université sans l’autorisation de leur mari ;
– Les femmes ne peuvent pas être juge, en raison – selon les mollahs – des facultés intellectuelles qu’elles ne posséderaient pas ;
– La loi autorise un père à épouser sa fille adoptive dès l’âge de 13 ans.
Rien sur l’Arabie Saoudite où :
– la femme est considérée comme légalement mineure et ne peut donc pas aller chez le médecin, ouvrir un compte en banque, voyager, renouveler leur passeport sans l’autorisation de son tuteur ;
– la femme n’a pas le droit de conduire ;
Rien sur le Soudan où :
– la journaliste soudanaise Lubna Ahmad Al-Hussein a échappé in extremis à une peine de quarante coups de fouets pour avoir porté un pantalon, mode interdite aux femmes par l’article 152 du Code pénal ;
Rien sur l’Inde où :
– dans de nombreux villages, encore aujourd’hui, on tue les filles à la naissance, principalement parce que la dot du mariage coute cher ;
– la violence conjugale toucherait 65% des femmes ;
– les veuves sont mises au ban de la société, abandonnées et rejetées car elles porteraient malheur ;
Rien sur l’Egypte, le Soudan, la Somalie, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, l’Ethiopie, le Yémen et tous les autres pays où l’excision est pratiquée. Dans la moitié des 29 pays qui pratiquent l’excision, la majorité des filles la subissent avant l’âge de 5 ans et dans l’immense majorité des cas restants, avant 15 ans. L’objectif est de prévenir le désir sexuel et éviter les relations prénuptiales.
Rien sur les pays où la Charia est appliquée, cette Charia qui autorise la polygamie mais pas la polyandrie, qui interdit à la femme de divorcer mais permet à l’homme de la répudier, qui impose à la femme – pour prouver qu’elle a été violée – le témoignage de 4 hommes, qui autorise son mari à la battre, qui fait de la femme un être par nature inférieur à l’homme (Sourate 4,34).
Rien sur le manifeste « Les femmes et l’Etat islamique », rédigé par l’EI et qui précise, conformément à la Charia, que le mariage des filles est autorisé dès l’âge de 9 ans, que l’éducation des femmes doit se limiter à la vie du prophète, l’histoire de l’islam, la charia mais aussi la couture et la cuisine, qu’elles ne sont pas censées travailler pour ne pas avoir à sortir de chez elles.
Rien sur la jeune Samra Kesinovic, cette autrichienne de 17 ans qui s’était enfuie de chez elle en 2014 pour faire le djihad en Syrie, et qui a été battue à mort avec un marteau après avoir servi d’esclave sexuelle pour les nouveaux combattants de l’EI.
Le travail de cette Commission des Nations Unies est une insulte à toutes les femmes qui à travers le monde subissent violences, humiliations et discriminations. L’ONU perd une fois de plus en crédibilité. Mais lui en reste-t-il encore ?
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