L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) fait l’objet de nombreux reproches: complicité avec le Hamas, parti pris anti-israélien, politique délibérée d’augmentation permanente du nombre des réfugiés palestiniens… Malgré ces accusations, une majorité des Etats-membres de l’ONU approuve l’UNRWA et continue à le financer.
Le 19 décembre, 137 États-membres de l’Assemblée générale de l’ONU ont approuvé un texte initié par la Norvège demandant un avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les obligations légales d’Israël envers les agences humanitaires de l’ONU, et tout particulièrement l’UNRWA. Douze ont voté contre. Après tout, demander « un avis consultatif à la CIJ, ça mange pas de pain », ont dû penser les votants, enfin ceux qui ont eu le temps d’une pensée fugace avant de voter par réflexe. L’ambassadeur d’Israël, Danny Danon a fait remarquer que ce « cirque diplomatique » survenait au moment où l’armée israélienne avait sérieusement affaibli les organisations terroristes qui le menaçaient et, à travers lui, la civilisation occidentale: « Au lieu de saisir cette opportunité historique pour favoriser la paix et la stabilité, vous choisissez de poursuivre un cycle de haine… Aidez-nous à faire du Moyen-Orient une région de paix et de stabilité, plutôt qu’un foyer de haine et de terrorisme ». Il a rappelé que le Hamas détenait toujours 100 otages civils, comme si ce rappel du réel était de nature à modifier la charge de haine pointée, telle un missile iranien, vers Israël.
Le pire n’est pas toujours sûr
Contrairement aux prévisions pessimistes, certains États ont semblé touchés par la grâce de la raison car, le lendemain du vote de la Résolution et de la réaction de sa victime, la Suède a annoncé mettre fin à son financement de l’UNRWA et chercher à transférer l’aide à Gaza par d’autres canaux. Rappelons que l’UNRWA est l’agence qui doublonne le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) au seul bénéfice des réfugiés palestiniens. Les 120 millions d’autres sont considérés comme des réfugiés de droit commun : ils n’ont pas à bénéficier d’un traitement VIP. Avec trois fois plus de personnel (exclusivement palestinien, ce qui, à Gaza, signifie appointés par le Hamas) que le HCR, l’UNRWA n’a pas pour mission de résoudre le problème des réfugiés en leur offrant les conditions d’une meilleure existence. Ça, c’est le boulot du HCR. La vocation de l’UNRWA, à l’inverse, est de multiplier le nombre de réfugiés palestiniens, ce en quoi elle réussit parfaitement.
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En effet, l’intégralité des 120 millions de réfugiés lambda actuels provient de conflits ou de catastrophes naturelles qui sont survenues depuis 1948. Tous ceux issus de la deuxième guerre mondiale sont rentrés dans leur pays après la paix, ou ont été recasés ailleurs, là où leurs descendants ont planté leurs racines. En revanche, le nombre des réfugiés palestiniens, provenant de multiples agressions arabes contre Israël, toujours repoussées, a été multiplié par dix. De 600 000 en 1949 à 5,9 millions à l’aube de 2025. Il faut dire que le statut des réfugiés « normaux » n’est pas héréditaire, celui des réfugié palestiniens (en un mot) si. Un enfant qui naîtra dans dix ans aux États-Unis mais dont un aïeul peut revendiquer d’avoir sous-loué un gourbi en Palestine mandataire entre le 1er juin 1946 et le 15 mai 1948 pourra, s’il souhaite faire une carrière politique (ou vivre de la charité internationale) réclamer la carte de l’UNRWA et tous les avantages y afférents. Même s’il naît à Gaza, qui est autonome depuis vingt ans ? Oui, même à Gaza où la population est administrée par le Hamas qu’elle a élu en 2006 et où plus un Juif n’a mis les pieds depuis lors.
Erratum. Un Israélien arabe et un Juif noir, tous deux handicapés mentaux, sont entrés par errance et par erreur à Gaza, l’un en 2014, l’autre l’année suivante. Ils s’appellent Hisham al-Sayed et Avera Mangistu. On est sans nouvelle d’eux depuis dix et onze ans respectivement. L’État juif fait des pieds et des mains pour les récupérer, mais il ne peut compter sur aucune bienveillance internationale, car dans cette affaire, le casting est à contre-emploi. Les méchants Juifs cherchent à récupérer des otages de la mauvaise couleur et de la mauvaise religion, qui sont détenus par les gentils Palestiniens !
Prendre la bonne décision pour de mauvaises raisons
La décision suédoise de cesser le financement d’une agence de l’ONU, dont des salariés ont participé aux massacres du 7 octobre 2023 et dont des professeurs gardaient des otages en esclavage à leur domicile, n’a pas été prise pour des raisons morales : la morale est terriblement contrariante, aussi est-elle bannie de toutes les équations dont Israël est un connu. La raison invoquée par le royaume nordique est la difficulté de l’UNRWA à gâter ses ouailles depuis qu’Israël lui a interdit son territoire. Par méchanceté pure, évidemment. D’ailleurs, les motifs invoqués sont anodins. Au moins 10 % du personnel Gazaoui de l’agence a des liens avec le Hamas et d’autres organisations terroristes. Et alors ? S’ils « travaillent » à l’UNRWA, c’est qu’ils ont été adoubés par le Hamas ! C’est tout ce que vous avez ? Non : en février 2024, l’armée israélienne a trouvé des armes du Hamas dans des bureaux de l’UNRWA, ainsi qu’un centre informatique géant sous son bâtiment principal. Bien qu’elle l’ait alimenté en électricité par un réseau de câbles branché sur son propre tableau, l’agence a juré qu’elle ignorait la présence de ce complexe industriel sous son siège social. Les Suédois donneront le double de pognon aux Palestiniens, mais via des ONG au lieu de l’agence immobilisée.
L’ONU (95 dictatures + 72 démocraties) fait la pluie et le sale temps pour l’État juif
Le 9 mars 2024, l’UNRWA avertissait qu’un quart de la population de la bande de Gaza était au bord de la famine et que des enfants mouraient de faim. L’organisation spécialisée dans cette problématique, la Integrated Food Security Phase Classification (IPC), qui est liée à l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture de l’ONU, avait prédit qu’une véritable famine éclaterait dans le territoire entre mars et juillet 2024. Une couverture presse tenant du duvet molletonné triple épaisseur avait suivi cette déclaration. En revanche, une deuxième étude de la même IPC, publiée en juin, n’a eu aucun écho médiatique. Comment se fait-ce ? Fondée sur des faits et non des envies de meurtre, cette étude n’a intéressé personne. L’IPC admettait que ses hypothèses sur la quantité de nourriture qui entrerait dans le territoire étaient fausses et que l’approvisionnement en nourriture de Gaza avait augmenté au lieu de diminuer. « Dans ce contexte, les preuves disponibles n’indiquent pas qu’une famine est actuellement en cours ».
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La famine étant l’article tête de gondole de l’UNRWA, celle-ci ne s’est pas laissée retirer le pain de la bouche par des faits et des chiffres. Elle a continué à alimenter les fantasmes en répétant l’appétissante menace sur tous les tons. Les médias l’ont répétée jusqu’à plus soif : France Info le 9 juillet: « Les experts de l’ONU affirment que les enfants meurent d’une « campagne de famine » menée par Israël ». TV5 Monde, le 1er novembre 2024 : « L’ensemble de la population palestinienne du nord de Gaza est exposée à un risque imminent de mourir de maladie, de famine et de violence ». ONU France, le 12 novembre : « Seule la fin de la guerre permettra d’éloigner durablement la perspective de la famine à Gaza. Il est donc urgent de parvenir à un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza. C’est la seule solution pour mettre un terme au désastre humanitaire qui se déroule sous nos yeux ».
Conclusion : aussitôt arrêté, aussitôt repris, le financement suédois de l’UNRWA a été sauvé par le gong de la présomption d’innocence ontologique.
Cadeaux de Noël
Le 25 décembre, le chef du bureau auxiliaire de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Gaza, Georgios Petropoulos, a déclaré que « les autorités et l’armée israéliennes ne semblent pas disposées à ouvrir plusieurs points d’accès à la fois », ce qui ralentirait l’acheminement de l’aide. Mais il a mentionné aussi « le pillage de l’aide dans les zones contrôlées par Israël » ce qui a été contredit par le Colonel Abdallah Halabi, directeur de la coordination et de la liaison à Gaza : « Du côté israélien, il n’y a aucune restriction sur la quantité d’aide qui entre. Le problème central est la capacité de transport et de distribution par la communauté internationale ». Sur fond d’images télévisées (chaine 12 israélienne) tournées au passage de Kerem Shalom, côté gazaoui, où 885 camions chargés de milliers de tonnes d’aide humanitaire attendent d’être déchargés. Le directeur général de l’Organisation mondiale de l’alimentation a affirmé que «seulement deux camions d’aide sont entrés en novembre parce qu’Israël ne nous permet pas d’en amener davantage », déclaration encore réfutée par Abdallah Halabi : « Celui qui a dit cela ne comprend pas la réalité. Plus de 800 camions sont entrés ». Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites : en quatorze mois de guerre, c’est plus de 60 000 camions qui sont entrés, avec 1,3 million de tonnes d’aide humanitaire, 32 millions de litres de combustible, 52 000 litres d’eau et 27 000 tonnes de gaz de ville.
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Malgré l’incapacité des ONG à assurer la distribution, plus de 200 camions arrivent chaque jour dans la bande de Gaza. Le Hamas attend les livraisons, en prend le contrôle et pille l’intégralité des vivres. « C’est l’un de nos principaux problèmes », a reconnu Abdallah Halabi, qui va bientôt figurer sur le mur de Gaza du Monde avec une cible dans le dos, s’il continue de donner la même importance aux faits qu’aux vœux…
Comme l’a dit Hillel Neuer de UN Watch, « Chaque euro versé à l’UNRWA est un euro contre la paix ».
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