Après nous avoir réprimandés pour l’interdiction du voile intégral, les Nations Unies jugent notre langage trop « genré », et veillent à corriger notre misogynie.
Il y a deux ans, l’ONU nous tapait sur les doigts, estimant que l’interdiction généralisée du niqab était « une mesure trop radicale ». En se penchant sur son fonctionnement, ses axes de travail et l’idéologie qui s’en dégage, on observe une extension de ses prérogatives. Ne se cantonnant plus seulement au maintien de la paix, mais prenant la forme d’une organisation politique supranationale, « le machin qu’on appelle l’ONU » – comme disait le général de Gaulle – distribue les bons points et œuvre à uniformiser les consciences, selon des critères toujours plus progressistes.
9 milliards de budget annuel, que la France finance à hauteur de 5,6%
De quoi vivent les Nations-Unies ? En 2019, la contribution totale de la France au budget de l’ONU s’élevait à 504,4 millions de dollars. Son silence assourdissant durant la crise du coronavirus ne nous a donc pas été facturé à prix d’ami. À titre de comparaison, cela représente le coût de 7000 postes hospitaliers.
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Il faut certes distinguer le budget « ordinaire », qui comprend les dépenses d’investissement, de personnel et de fonctionnement du Secrétariat et des nombreuses « succursales onusiennes » – dépenses qui englobent petits fours et colloques sur le langage inclusif –, et le budget des opérations de maintien de la paix (« OMP »). Depuis vingt ans, le budget ordinaire (étalé sur deux ans) a plus que doublé, culminant aujourd’hui à 5,8 milliards de dollars, tandis que celui des OMP est en baisse, à 6,1 milliards par an. Ce glissement des dépenses trouve son explication dans la baisse du nombre de conflits à travers le monde, et l’on constate que le donneur de leçons se substitue au pacificateur.
Halte à la discrimination, optez pour l’épicène !
Comme on peut le voir sur ce document [tooltips content= »Orientations pour un langage inclusif en français »](1)[/tooltips], l’ONU, quand elle n’a plus de dictateur à déboulonner, s’attelle à résoudre les inégalités de notre chère grammaire.
À travers différentes méthodes, elle explique comment remodeler nos phrases en fonction du contexte, quitte à complexifier le langage et alourdir notre prose. On apprend également à délaisser les participes passés – qui ont le malheur de s’accorder avec le sexe –, au profit d’expressions neutres. Chers lecteurs cisgenrés, binaires ou non-fluides, il vous faut retourner au CE2 ! Pour finir, l’ONU nous encourage à bannir les termes « mari » et « femme » quand le genre de notre interlocuteur nous est inconnu, ou que l’on s’adresse à un groupe de personnes…
Manuel à destination du mauvais mari
Entre deux « conseils pour élever des enfants féministes », et des incitations à préparer le dîner, mettre le couvert et sortir la poubelle pour devenir un époux responsable, la branche dédiée à la condition féminine aborde également la question de la liberté.
Conseils pour inculquer l’égalité à vos enfants en période de #confinement :
–#Restezchezvous
-Inspirez-vous de nos recommandations 👇 pic.twitter.com/AoWqERKnrp— ONU Femmes (@ONUFemmes) May 27, 2020
Avec une hypocrisie digne de nos meilleures représentantes féministes nationales, on apprend que des « lois familiales discriminatoires » ordonnent aux femmes de nombreux pays d’obéir à leur mari, ou bien encore les restreignent dans leurs déplacements en dehors du foyer. Ces lois et ces pays que l’on ne nomme pas sont donc des choses abstraites, nébuleuses, et nous rappellent les fameuses « voitures folles » ou autres « camions assassins » qui ont sévi à Nice, Londres, Jérusalem, Berlin, ou plus récemment encore à Colombes…
Une fois les mesures de #confinement levées, des lois familiales discriminatoires continueront à réduire l’autonomie et la liberté de certaines femmes ⚠️#Journéedesfamilles #FamillesDAujourdhui pic.twitter.com/LYnQt9Qjjm
— ONU Femmes (@ONUFemmes) May 16, 2020
Stopper les guerres, c’est bien… mais foutez-nous la paix !
Organisation qui se gratifie d’une légitimé grandissante, toujours plus intrusive, l’ONU joue avec nos nerfs, en plus de nos sous.
Les remontrances de fonctionnaires qui émargent dans leur majorité à plus de 10000 dollars par mois (somme exonérée d’impôt sur le revenu !) ont du mal à passer. De nombreuses associations – également financées par nos impôts – s’attèlent déjà à nous réapprendre à penser, à nous indigner, à parler, à draguer, et à considérer notre prochain. L’ONU s’en inspire jusqu’à les singer. Si leurs combats originels étaient nobles et nécessaires (émancipation des femmes, droits des homosexuels, défense des minorités opprimées, égalité devant la loi et dans le monde du travail), leurs actions prennent aujourd’hui un visage idéologique, et encouragent le communautarisme ainsi que la haine d’un Occident prétendument rabougri, par essence misogyne et raciste. Sous prétexte de rassembler, leur doctrine divise le peuple tout en le condamnant à la bouillie identitaire.
La France n’a pas attendu l’ONU pour apprendre la courtoisie, le respect des femmes, ou encore pour accueillir des immigrés du monde entier. Par contre, l’ONU semble avoir oublié que sans la contribution des nations qu’elle dénigre et voudrait rééduquer, il lui faudrait fermer boutique.
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