Accueil Édition Abonné Avril 2017 L’ONU, c’est Schtroumpfement bon!

L’ONU, c’est Schtroumpfement bon!


L’ONU, c’est Schtroumpfement bon!
Crédit photo : DR
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Dans la vie, il est bon de savoir distinguer ce qui est utile de ce qui ne l’est pas. Il y a des choses sans aucune utilité, comme la roue carrée ou les comités d’éthique des multinationales. Et d’autres très utiles, comme la pince à escargots, le futur antérieur et l’amour. Entre les deux, il y a les Nations unies.

L’ONU est là depuis toujours. On en a même oublié les circonstances de sa création et bien entendu son utilité. De temps en temps, l’institution envoie des casques bleus sur le terrain, mais n’arrive jamais à stopper aucune guerre. Pour répandre le bien dans le monde, l’ONU envoie dans les médias des « ambassadeurs » ou des « ambassadrices », le plus souvent recrutés parmi la réserve des stars en perte de vitesse. Ce sont, précisons-le, des « ambassadeurs de bonne volonté ». Le détail a son importance. L’ONU a même nommé l’année dernière le personnage de comics Wonder Woman ambassadrice honoraire pour, nous a-t-on dit, « défendre la cause des femmes ».

Une institution que plus rien n’arrête

L’institution – que Romain Gary avait copieusement critiquée dans L’Homme à la colombe, après y avoir officié – a décidé d’aller encore plus loin dans le ridicule. Et cela a suscité dans la presse des titres stratosphériques comme : « Les Schtroumpfs et l’ONU font équipe pour promouvoir le bonheur et les objectifs du développement durable. » Les petits personnages de Peyo ont en effet été embrigadés lors d’un[access capability= »lire_inedits »] abominable happening consacré au bonheur, en présence de 1 500 jeunes au siège new-yorkais des Nations unies.

Les têtes blondes ont participé à un exercice de simulation des travaux de l’Assemblée générale, visant à les « initier à la citoyenneté mondiale ». L’acteur incarnant le Grand Schtroumpf à l’écran a déclaré à la tribune : « Au nom de toute la communauté Schtroumpf, merci de votre travail d’éveil ! », et a lancé l’opération « Petits Schtroumpfs, grands objectifs ». La secrétaire générale adjointe a, quant à elle, déclaré avec le plus grand sérieux : « La Journée internationale du bonheur reconnaît le bonheur comme un objectif humain fondamental pour toutes les personnes. » On est rassuré. Mais ce 20 mars, si c’était la journée mondiale du bonheur, c’était aussi la journée mondiale de la santé bucco-dentaire, la journée mondiale du moineau et la journée internationale du macaron. Tant d’occasions de communication manquées pour l’ONU…

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Avril 2017 - #45

Article extrait du Magazine Causeur




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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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