De notre envoyé à Londres
Cette fois, c’est officiel. La dépêche est tombée ce matin. L’entreprenant David Cameron vient de l’annoncer en personne : l’Etat s’occupera désormais d’enseigner aux parents comment changer les couches (nappies). L’Etat les aidera également à mieux interpréter le babil souvent incompréhensible des tout-petits (agheu agheu, en français). La mesure porte un nom : « The Can Parent initiative ». Les mères ont l’air ravies, mais les politologues s’étonnent.
Enfin voyons, David Cameron n’est-il pas de droite ? N’est-il pas un farouche partisan du moins d’Etat et de la responsabilité individuelle ? A quoi bon investir dans ce secteur-là ? Si les avocats de l’austérité refusent de creuser les déficits publics, s’ils ne craignent pas de jeter les pauvres dans la rue et de ruiner l’Europe au nom de la réduction des dépenses, ils font tout de même une exception devant les couches Pampers. Et pourquoi ça ? Parce que les moutards sont la richesse de demain. « Les parents sont des bâtisseurs de la nation, apprend-on de source officielle. C’est avec des gestes d’amour que l’on élèvera la prochaine génération ». La mesure prévoit donc de montrer aux parents comment choisir la bonne tétine.
Nous savions, grâce à Michel Foucault, que le pouvoir n’interdit pas. Il fait bien autre chose : il vous assiste dans la réalisation supposée de votre désir. L’affaire a commencé au XVIIIème siècle, mais ce que nous ignorions jusqu’à aujourd’hui, c’est qu’il irait jusqu’à vous conseiller la bonne tétine.
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