La dernière cérémonie des César était navrante, ce dont tout le monde convient. Mais c’est la baisse effrayante du niveau culturel du pays depuis cinquante ans qui devrait vraiment nous inquiéter.
Presque tous les médias sont tombés à bras raccourcis sur la 46ème cérémonie des César. Dès la fin de la soirée, les critiques ont commencé de pleuvoir. Un vrai feu d’artifice comme dans les quartiers lorsqu’une bande s’en prend aux pompiers et aux forces de l’ordre avec des mortiers. L’image est osée ? Laissons-lui la bride sur le cou pour voir ce que ça donne!
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Imaginons qu’une bande de lascars soit entrée ce soir-là dans le théâtre de l’Olympia en hurlant : « Y en a assez de toutes vos conneries. On en a marre de dealer en bas des immeubles. On s’emmerde à la maison avec vos petites cérémonies et vos grandes déclarations. On veut du vrai cinéma, du vrai spectacle ».
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Imaginons, car hélas ! ce n’est pas ce qu’il s’est passé, qu’un gars de la bande se soit précipité sur scène, ait pris le micro et s’en soit pris à la pitoyable Corinne Masiero : « T’as vu à quoi tu ressembles à poil avec tes tampons hygiéniques accrochés aux oreilles comme des cerises. Tes leçons, tu peux te les accrocher aussi. T’es même pas foutue d’écrire sans faire de fautes. « Rend nous (sic) l’art Jean ! » que t’as écrit sur ton dos… qu’une copine plutôt a écrit, surtout pas un mec, parce que t’as des convictions ! Tu ne sais pas que « rendre » ça prend un « s » à l’impératif ? Tu verras demain les médias, ils oseront pas ajouter un petit sic entre parenthèse derrière ta faute ! Ils te corrigeront sans rien dire ; ils ont peur. Parce qu’une faute d’orthographe, c’est pas grand-chose, ça se pointe pas du doigt, ça ferait ringard ! On ne va tout de même pas se ridiculiser en disant que c’est grave. On en a vu d’autres, avec les boîtes de Merda d’artista dans les musées et les urinoirs ! Et tes copines qui ont installé sur l’esplanade du Trocadéro un clito géant, on aurait dit une mante religieuse ! Alors une faute, ce n’est rien. L’orthographe, y en a plus ! La pudeur ? Si demain on te dit que t’as été trop loin, qu’il y en a assez de ton féminisme à deux balles, que ta défense de ce que ton dos appelle « Art » et tes seins, « Culture », personne n’en veut, que n’importe quelle conne peut se mettre à poil sur scène, que ça a déjà été fait mille fois, t’auras plus qu’à venir devant les caméras pour dire que t’assumes, que tu t’en fous. Je t’entends déjà te répandre, chez Mediapart, avec une sincérité « premier prix » trouvée dans les rayons du bas : « Qu’une meuf de mon âge se foute à oilpé [à poil NDLR], sans être rafistolée, avec les miches qui tombent et puis la cellulite (…) le ventre comme ça et les seins qui font comme ça (…), pas épilée, rien du tout. Oh, mon dieu ! (…) Ça révèle beaucoup de choses, non ? On est bien dans une société patriarcale et sexiste (…) Moi, ma force c’est d’être moche et populaire et vulgaire. Et donc si ça gêne des gens, posez-vous la question de pourquoi ça vous gêne. » T’es dans le poncif, capitaine Marleau ! Ce qui me gêne, c’est pas que tu te mettes à poil avec les miches qui dégringolent, c’est ta grosse faute dans le dos. Une faute d’orthographe, c’est pire qu’une faute morale ou qu’une faute de goût, c’est le péché originel depuis cinquante ans, qui fait que tout va de travers dans ce pays. Tu veux nous prouver quoi ? Que les hommes sont des salauds, surtout s’ils sont blancs ? Que sans la culture des navets de ta télé, on serait en manque ? Tu rigoles, tu nous as tout simplement montré qu’à force de ne plus apprendre à l’école à mettre un « s », on ne sait que montrer ses fesses. Mais on le savait. » Rideau !
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