Une « bourde ». C’est ainsi qu’un porte-parole de la Commission a qualifié l’atterrante affaire de l’agenda Europa, fabriqué à 3 millions d’exemplaires malgré les restrictions budgétaires auxquelles nous sommes quotidiennement conviés. Il est vrai que cet agenda est destiné à l’édification des lycéens d’Europe. Avec les valeurs, on ne marchande pas. Seulement, à ce stade, il ne s’agit plus d’éducation, mais de rééducation. Ça ne vous rappelle rien ?[access capability= »lire_inedits »]
Au moment où les chrétiens sont physiquement massacrés en terre d’islam, ils sont donc culturellement effacés par les bureaucrates désincarnés qui gouvernent l’Union européenne. L’agenda concocté par leurs soins mentionne en effet, dans un bel élan d’ouverture à toutes les cultures, les fêtes musulmanes, juives, sikhes et bouddhistes. Mais, je vous le donne en mille : ils ont oublié les fêtes chrétiennes. Oui, oublié ! À la page du 25 décembre, on peut lire cette maxime : « Un véritable ami est quelqu’un qui partage vos préoccupations et votre joie. » Il fallait oser.
Le pire, c’est qu’il s’agit sans doute d’un véritable oubli. Avec ce lapsus par omission, c’est leur inconscient qui a parlé : et dans leur inconscient, l’Europe est éternellement coupable, des croisades à la colonisation en passant par le nazisme. Puisqu’il y a des siècles, elle a cru devoir et pouvoir imposer sa culture, ses mœurs, ses valeurs et, il est vrai, ses intérêts au monde entier, il lui faut aujourd’hui rayer jusqu’au souvenir de son passé. D’ailleurs, Herman Van Rompuy, le président que nous attendions tous, n’en a pas fait mystère : « Le temps de l’Etat-nation homogène est terminé », a-t-il déclaré il y a quelques mois. Pour les malentendants, notre estimable PDG voulait dire que le temps des peuples était fini et que l’avenir radieux était celui des minorités triomphantes et vindicatives. On sait bien que le minoritaire est forcément victime et que la victime a toujours raison.
Il y a cinq ans, lorsqu’ils rédigeaient la défunte Constitution que ces salauds de peuples eurent le front de rejeter, ces grands idéalistes avaient déjà refusé de mentionner les racines chrétiennes du Vieux Continent, jugeant sans doute que cette réécriture de l’Histoire garantissait leur appartenance éternelle à l’Axe du Bien. Il est vrai que condamner les crimes d’hier est plus gratifiant − et moins risqué − que de s’occuper de ceux d’aujourd’hui.
En parlant d’Axe du Bien, je ne me suis pas encore infligé la lecture du manuel d’indignation de Stéphane Hessel, qui est en passe de remplacer la Bible dans la bibliothèque de nos médiatiques directeurs de conscience – et on lira avec jubilation l’exécution en règle à laquelle se livre Mourad Kiddo (page 26). Mais quelque chose me dit que le sort des chrétiens dans le monde arabo-musulman ne fait pas partie des motifs d’indignation de cette grande âme devant laquelle nous sommes tous sommés de nous prosterner. Pour cet éternel résistant, la retraite à 62 ans, c’est bien plus grave que les roquettes envoyées par le Hamas sur des civils qui ont le grand tort d’être israéliens. Et puis, si les coptes ou les chrétiens d’Irak sont aussi arabes que leurs concitoyens, « chrétien », c’est un peu comme « blanc ». C’est mal, et même ringard. Mais je fais un procès d’intention parce que, je le répète, Hessel n’a pas le temps de s’indigner de leur sort. On ne peut pas être partout. Sans compter que s’inquiéter sur le sort des chrétiens reviendrait sans doute à stigmatiser les musulmans, qu’ils soient d’ici ou de là-bas.
Pour les concepteurs de l’agenda Europa, comme pour Hessel, l’amour des autres doit être synonyme de haine de soi. Sauf que ce n’est pas eux-mêmes qu’ils haïssent, mais nous, les peuples d’Europe. Et si nous persistons à ne pas penser comme il faut, il faudra bien nous changer. Pour notre bien.[/access]
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