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Omar m’a tuer : la suite sans la fin

Près de trente ans plus tard, l'avocate Sylvie Noachovitch n'a pas dit son dernier mot


Omar m’a tuer : la suite sans la fin
Omar Raddad dans le bureau de son avocate Sylvie Noachovitch, 1er décembre 2008, Paris / LYDIE/SIPA

Un nouveau livre revient sur une des erreurs judiciaires les plus notoires de notre époque. La victime de cette erreur, Omar Raddad, attend toujours que justice soit faite.


Dans un essai de 172 pages, paru le 14 septembre aux Editions du Rocher, l’avocate Sylvie Noachovitch et l’ancien juge d’instruction  Georges Fenech nous offrent une « mise à jour » bien instructive de l’affaire Ghislaine Marchal mais…  pas que. Et, c’est là que résident l’originalité et l’intérêt de l’ouvrage. Une description pointue et sourcée des tenants et aboutissants de cette lamentable erreur judiciaire et en même temps les cheminements et les réflexions avisées de deux grands professionnels ayant consacré une bonne partie de leur vie à la correction de l’erreur judiciaire. Tout d’abord un scénario rocambolesque.

Quand la réalité rivalise avec la fiction

Une riche héritière assassinée à l’arme blanche qui aurait écrit le nom de son meurtrier avec son sang, un jardinier emprisonné, condamné, puis libéré « grâce à » un président de la République, un avocat célèbre qui s’en mêle mais qui finit par plier ses gaules, des gendarmes qui se réveillent au moment de leur retraite, des ADN inconnus qui resurgissent mais que l’« on » refuse d’analyser, de nouveaux suspects dont l’un décède d’une crise cardiaque…  Bref, des ingrédients de rêve pour un épisode réussi de Cold  Case. Sauf que là, on est dans la vraie vie, que Omar Raddad a fait sept ans et deux mois de prison, qu’il est toujours présumé coupable, qu’il court encore après sa réhabilitation et que peut-être mais peut-être seulement, l’examen des  « éléments nouveaux » sera possible après la plaidoirie du 15 septembre 2022 de Maître Noachovitch. Pour un meurtre qui remonte à 1991. On n’en revient pas. Affaire à suivre donc.

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Une sorte de biais cognitif d’ambiance nous porte à penser qu’étant donné le nombre de coupables avérés en liberté et les méthodes modernes popularisées par les experts d’ici et d’ailleurs, il ne doit plus y avoir beaucoup d’innocents en prison, que l’erreur judiciaire c’était Calas et Dreyfus, Voltaire et Zola. Et bien non, chemin faisant, les auteurs nous remettent en mémoire, et de de façon efficacement documentée, de bien tristes histoires : le petit Grégory, l’affaire d’Outreau ou celle de Bruay en Artois, mais aussi les « déboires » judiciaires de Guy Mauvillain, de Marc Machin, de Rida Daalouche, de Loïck Sécher, de Patrick Dils, de Roland Agret ! Avec à chaque fois aux manettes, des magistrats refusant de se contenter du doute sur la culpabilité de leurs ci-devant mais exigeant la ou les preuves de leur innocence. Preuves d’ailleurs qu’il se révèle bien compliqué et bien risqué d’aller chercher soi-même. Subornation de témoin en vue. Nous ne sommes pas en Amérique. Frissons dans le dos assurés.

Un juge qui veut faire avancer la loi, une avocate qui s’accroche  

Georges Fenech, député de 2002 à 2008 et de 2012 à 2017, nous livre aussi son expérience législative, ses déceptions, la naissance aux forceps de « son » article 626 du Code de procédure pénale, portant sur le réexamen d’une décision pénale définitive. On est contents que des gens comme vous existent. Bravo Monsieur le juge. Maître Noachovitch, quant à elle, n’est pas en reste pour nous faire partager son acharnement à défendre Omar. Félicitations Madame l’avocate.

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Et en bonus, tous les deux nous livrent moultes informations passionnantes sur leurs pratiques et sur l’évolution de la pratique de  la justice en France. On apprend par exemple, au détour d’une page, que le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques, au départ « réservé » aux délinquants sexuels, contenait 2 807 profils enregistrés en 2003, qu’il est passé à  716 929 en 2008, quand son domaine a été étendu à tous les auteurs d’atteinte aux biens et aux personnes et qu’il comporte aujourd’hui plus de 3,5 millions d’empreintes.

Bref, 16,90 € bien employés. Un petit livre à mettre entre toutes les mains. En particulier dans celles des magistrats.

Omar Raddad, un combat pour la vérité

Price: 16,90 €

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