Le collège d’Ollioules ne sera finalement pas rebaptisé « Samuel-Paty ». La trouille, ça ne sent pas bon
Ainsi parla Sandra Olivier, professeur de mathématiques et représentante du SNES au collège des Eucalyptus à Ollioules, dans le Var. Par conséquent la proposition du maire LR Robert Bénéventi de rebaptiser l’établissement du nom de Samuel-Paty a été rejetée par 100% des enseignants, 89% des parents et 69% des élèves.
Le parfum des eucalyptus locaux sera-t-elle assez puissante pour couvrir l’odeur de trouille de tous ces gens ? Et ça ne sent pas bon, la trouille.
Ne pas prendre de risque : c’est donc cela que ces professeurs enseignent à leurs élèves. 100% sans cou… rage. La dhimmitude est en marche — ou la « soumission », comme dirait Houellebecq. Rien d’étonnant à ce que le héros du roman soit un enseignant : de concession en concession, il finira par se faire à l’instauration de la charia. Il y trouvera même son intérêt libidineux.
L’islamisme avance ses pions
Ce qui, il y a cinq ans, pouvait encore passer pour une fiction s’inscrit désormais dans les faits. La moitié des enseignants, selon un sondage récent, avoue avoir renoncé à traiter telle ou telle part du programme. Ils peuvent bien s’abriter derrière le souci de ne pas heurter la sensibilité de tel ou tel segment de la population (et faire des différences entre élèves, c’est au pire du racisme, au mieux l’acceptation du fanatisme). Le fait est que les islamistes avancent tranquillement leurs pions. Ils sont une poignée, mais ils auraient tort de se gêner, en face, personne ne résiste.
Il se trouve que quelques heures à peine après l’attentat, j’avais suggéré à l’une des huiles du ministère de rebaptiser Samuel-Paty le collège du Bois-d’Aulne à Conflans. Ça ne s’est pas fait sous un prétexte ou un autre. Mais après tout, on a appris que là-bas aussi nombre des collègues de l’enseignant assassiné critiquaient le fait même qu’il ait fait cours sur un tel sujet.
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À force d’éliminer les sujets qui fâchent, on devient objet de dérision.
J’ai honte de me dire enseignant. « Ah oui, ceux qui ont aménagé la laïcité, ceux qui pensent, comme le président de la FCPE, qu’une abaya n’a guère plus de sens qu’un tee-shirt aux armes du Che, ceux qui ont intégré l’infériorité des filles — quoi qu’ils disent, et bien que les femmes soient majoritaires parmi eux. Qui estiment que Mila aurait dû la fermer. Qui ont été Charlie mais n’ont pas dénoncé les accrocs aux minutes de silence, les affirmations racistes des uns et des autres, les bouffées de superstition. » Ainsi parle le peuple, désormais.
Le maire Robert Bénéventi embarrassé
« Je ne suis pas payé pour risquer ma peau… » Ah, ils sont beaux, les hussards noirs de la République ! « C’est la pusillanimité qui règne aujourd’hui. On ne s’en rend pas compte, mais nous sommes en train de laisser filer les valeurs de la République », a rajouté Robert Bénéventi, bien embarrassé à l’idée de devoir expliquer à la famille de Samuel Paty la décision de ses ex-collègues. D’autant que la représentante du SNES en a rajouté une louche : « Nous avons déjà une rue du Colonel-Arnaud-Beltrame pas très loin du collège, cela fait beaucoup d’histoires lourdes de sens pour un établissement qui accueille un jeune public ».
Il aura compris, le jeune public à qui l’attitude de ses professeurs sera expliquée demain par la presse. Il aura compris qu’il peut désormais tout oser : en face, on se couche.
Le regard libre d’Elisabeth Lévy
À écouter, l’analyse d’Elisabeth Lévy sur ce sujet, ce matin au micro de Sud radio
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