Pour son quatorzième ouvrage, Le temps des loups (Le Cherche Midi), Olivier Maulin nous fait découvrir une nouvelle bande d’abrutis, de sympathiques paumés, de demi-fous, d’écrivains en fin de cycle, tous réfractaires aux abus de la modernité. Le livre a été publié dans une collection dénommée Borderline et qui promet de publier tout ce que l’on ne peut plus publier aujourd’hui.
Après Lisbonne (En attendant le Roi du monde), l’Alsace (les Evangiles du Lac), la Mayenne (le Bocage à la nage) et les Ors de la République (Petit Monarque et catacombes), l’auteur nous entraîne cette fois dans les Vosges, sommet de ce que les géographes aiment à appeler la diagonale du vide, qui va des Pyrénées aux Ardennes ; et plus précisément dans l’un de ces patelins où l’on dégaine la carabine aussi vite que le Picon bière et où les spiritueux font beaucoup d’ombre à l’eau de Vittel pourtant locale.

Les frères Grosdidier
Cette fois, ce sont les trois frères Grosdidier, paysans vosgiens, qui tiennent le haut du pavé. Si Jean-Didier a encore le mérite d’être rude à la tâche, taillant les haies chez M. le maire et chez le colonel (un notable local à la retraite qui, malgré sa vue déclinante, continue de s’exercer au tir à l’arc dans son jardin, aux risques et périls d’éventuels passants), les deux autres sont de véritables abrutis, fainéants comme des poux, en train de laisser l’auberge et la ferme familiales tomber en ruine et ne rêvant que de faire un gros coup pour se tirer, des billets plein les poches, sur une île paradisiaque qui n’attend qu’eux. Ça tombe bien, à Epinal, la grosse ville d’à côté, le Salon du livre s’apprête à accueillir, aux milieux des habituels écrivains parisiens sous Xanax, la starlette Samantha-Sun Lopez, chanteuse américaine
