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Dénigrement d’État

Le billet de Dominique Labarrière


Dénigrement d’État
Olivier Klein, ici photographié en juillet 2023, a été recasé à la Dilcrah © Alexis Jumeau/SIPA

Il a pris officiellement ses fonctions le 1er septembre. Son titre : « Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine envers les personnes lesbiennes, gays et trans ». Tout un programme!


Monsieur le délégué interministériel a été, préalablement et pour assez peu de temps, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement dans un des gouvernements Borne. Ne donnant pas les signes de devoir laisser là une marque indélébile, on le débarqua en effet bientôt. Et comme il est de bonne pratique de recaser au mieux les recalés du sérail, on lui a donc déniché ce lot de consolation.

Pap Ndiaye, prix César des lycéens, Paris, 7 avril 2023 JP PARIENTE/SIPA

Vieille coutume de nos Républiques, nul ne l’ignore. C’est ainsi que Monsieur Pap Ndiaye, ci-devant ministre de l’Éducation nationale, a vu son extrême compétence récompensée d’une sinécure dorée, un très utile job d’Ambassadeur auprès du Parlement européen, plus particulièrement orienté « défense et illustration » du catéchisme droit de l’hommisme, cela va de soi. Félicitations, donc, à son excellence tout juste intronisée. Congratulations aussi à Monsieur le délégué interministériel, évidemment. Saluons à travers lui la trouvaille remarquable qu’est la création d’un tel poste, si élevé et si enviable de quasi-ministre, assorti d’une telle mission. Précisons-la de nouveau, on ne s’en lasse pas : lutter contre le racisme, l’antisémitisme et la haine envers les personnes lesbiennes, gays et trans. Il était urgent, n’est-ce pas, de s’attaquer au désastre que génère tant et tant de haine portée par tant et tant de hordes nazifiées lâchées à travers le pays, d’endiguer les fleuves de sang que des phalanges racistes hystérisées jusqu’aux os, armées jusqu’aux dents, font couler chaque jour et chaque nuit partout, des plus grandes villes aux bourgades les plus reculées. Réponse d’aussi grande nécessité et urgence, il était tout aussi impérieux, apparemment, de s’employer à éteindre les flammes lucifériennes qui sortent des naseaux et des yeux de tout bon Français moyen à la vue de la moindre personne « lesbienne, gay ou trans ». Ainsi, nous vivrions une espèce de Saint-Barthélemy permanente, d’une férocité proprement inouïe. (Apparemment, notre homme n’est pas en charge de veiller à ce que de paisibles octogénaires ne se fassent plus tabasser et massacrer par des barbares de rencontre dans la pleine vigueur de leur âge mais qui n’ont pas eu encore le loisir de saisir que ces comportements ne sont pas en phase avec les us et coutumes d’ici. Ces sauvageons-cogneurs seraient donc excusables. C’est du moins ce qu’on entend plaider -et qu’on voit juger – dans certains prétoires. Comme on feint de ne pas voir ces horreurs devenues ordinaires, on se garde bien de toute initiative d’État qui ne ferait que les rendre (trop) visibles.)

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Une question se pose : quelle image un pays a-t-il de lui-même quand il s’aventure à institutionnaliser ses supposées perversions, haines et bassesses, à les promouvoir plus ou moins au rang de caractéristiques, de spécificités nationales ? Quel résultat attend-il lorsqu’il va jusqu’à distiller parmi ses populations un tel venin de culpabilisation ? Quelle obscure jubilation puise-t-il à tresser lui-même, si complaisamment, les verges pour se faire fouetter ? Quelle image donne-t-il de lui de par le monde ? Enfin, de quelle fascination morbide pour le repentir masochiste cette nouvelle trouvaille est-elle le nom ?

En vérité, nous sommes bel et bien devant une forme de dénigrement d’État. L’État ou plus précisément la douteuse élite dont il se nourrit et qu’il nourrit, cette engeance qui ne cesse de geindre et de pleurer sur l’échec permanent de l’assimilation, de l’intégration. Mais qui donc peut avoir envie d’adhérer à cette société-là, de se fondre dans une communauté humaine dont la tête pensante n’hésite pas à la présenter, à la revendiquer comme gangrenée en profondeur de maux et de tares de ce calibre ? Certes, il est nécessaire et juste de lutter contre les haines, toutes les haines, ce n’est pas douteux. Ces haines qui ne sont en fait qu’un avilissement de l’esprit, tant chez l’individu que chez les peuples. Mais il existe probablement d’autres voies, d’autres stratégies. Quoi qu’il en soit, l’État devrait aussi – et sans doute avant tout – affirmer, encourager, honorer encore et encore les vertus, les talents du pays et de ses citoyens. Dès lors émerge une autre question: à quand un quasi-ministre en charge de faire aimer la France ?

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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