Olivier Besancenot m’a fait de la peine face à Léa Salamé et Yann Moix qui le harcelaient de questions sur la dégringolade de son parti : le Nouveau Parti Anticapitaliste qui défend pourtant les défavorisés, tous les défavorisés du monde entier, toutes les victimes de la Crise et du Capitalisme, avec l’ardeur et la générosité des dames d’œuvre du XIXème siècle qui se mettaient au service des gueux. Olivier Besancenot, tantôt rageur, tantôt déprimé, avouait lui-même y perdre son latin. Ce qui m’a remis aussitôt en mémoire, comme quoi la télévision ne rend pas nécessairement con, la célèbre citation latine : » Vox clamantis in deserto » ( la voix qui crie dans le désert ) que j’attribuais à Virgile, mais qui revient à Jean-Baptiste endossant le rôle du prophète pour annoncer, lui aussi, une ère nouvelle avec la venue de Jésus. Léa Salamé aurait pu nous offrir une nouvelle interprétation de Salomé, mais elle s’est bornée à son habitude à jouer le rôle de la bonne élève qui veut absolument savoir….mais qui ne comprendra jamais.
Olivier Besancenot était donc cette voix criant dans le désert avec à l’appui un livre (il faut toujours un livre : question de crédibilité) au titre austère : Le véritable coût du capital. Il en fut question par pure politesse pendant cinq minutes, mais visiblement personne ne comprenait rien aux chiffres alignés par notre novice en économie dont chacun pensa qu’il ne savait pas très bien dans quelle direction il s’engageait, mais que si jamais il y arrivait, il ne saurait plus vraiment où il se trouverait. Lui-même semblait un peu perdu et on aurait volontiers voté pour lui, ne serait-ce que pour lui donner un peu d’espoir. Après tout, il a endossé un rôle avantageux, celui de Robin des Bois qui dépouille les riches pour donner aux pauvres ce qui leur revient. Il a rappelé, ce que j’entends depuis un demi-siècle, que les exploiteurs sont de plus en plus impitoyables et les exploités de moins en moins protégés. Que des oligarchies corrompues se partagent le magot, pendant que les migrants s’entassent dans la jungle de Calais où les femmes sont violées et les enfants sacrifiés. Et, plus surprenant encore, personne ne l’écoute, lui le défenseur de la veuve et de l’orphelin. On se moque même de lui à La Poste quand il affiche ses ambitions politiques. On le traite de » doux rêveur » et on lui conseillerait plutôt de consulter un psychiatre.
Bref, ce pauvre Olivier est mal barré : tant d’énergie dépensée pour constater in fine une impossibilité de se faire entendre. Comme le dit un proverbe vaudois : « Entre ce que je dis et rien, c’est du pareil au même ! » Compatissons mes frères : tout ne peut pas être mauvais chez un homme qui a mis une telle ferveur dans une cause – l’Internationalisme Prolétarien – qui devrait être celle de tous mais qui est devenue celle de personne.
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