Le poème du dimanche
C’est un bien mince volume que celui des poésies d’Odilon-Jean Périer. Sous le titre Le Promeneur, Michel Bulteau avait réuni un choix de ses poèmes, en 1989, dans la collection Orphée aux Editions de la Différence. Cela ne nous rajeunit pas.
Odilon-Jean Périer, né en 1901, mort en 1927, fait partie, comme Jules Laforgue par exemple, de cette théorie de poètes qui meurent très jeunes et laissent à l’amateur de poésie l’impression d’avoir perdu des petits frères partis trop vite.
Alors que resplendit le surréalisme, la poésie de Périer est classique, transparente, fragile comme le givre ou le cristal de Murano. « Je ne chanterai pas très haut ni très longtemps » écrivait-il prophétiquement dans Le citadin, poème-éloge de Bruxelles. Il n’a pas chanté très longtemps, c’est certain. Très haut, en revanche, il semble bien que si. Je vous laisse avec lui, le temps de deux courts poèmes. Vous allez voir, cela suffit pour se rendre compte de la façon dont cette poésie si simple procède par retombées durables, laissant filtrer un je ne sais quoi qui hante pour longtemps.
1
L’air est tellement pur
Que les Bruxellois dorment
Il n’y a de bonheur
Que pour quelques personnes.
Que cette automobile
Est profonde et facile
Il n’y a de bonheur
Que pour quelques menteurs…
2
Ô douleur chevelue adossée au comptoir
Du vieux cabaret où je fume
Belle dame dorée emprisonnant le soir
Dans cette lyre qui s’allume
Dans la flûte de Pan que forment rayonnantes
Les limonades, les liqueurs,
À l’aimable madère et aux honteuses menthes
Vos yeux empruntent des couleurs.
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