Dans le Journal du Dimanche, l’ancien boss de la DGSE a livré sans complexe ses réflexions sur l’immigration et son intégration chaotique.
Je veux parler de Pierre Brochand. Non pas que son frère Bernard, ancien maire de Cannes, ait été sans valeur mais Pierre Brochand, dans le monde du politiquement correct, après un texte retentissant dans Le Figaro, jette une pierre éclatante de vérité et d’intelligence dans une double page que le Journal du Dimanche lui a consacrée sous la signature de Catherine Nay. Tout serait à retenir dans la vision si cruellement lucide que celui qui a occupé des postes prestigieux – ancien directeur de la DGSE, ex-ambassadeur en Hongrie et en Israël notamment – a de notre pays et de ses trois vagues d’immigration successives dont la dernière, déclenchée par les « printemps arabes », a peuplé la France de 25 fois plus de musulmans que dans les années 1960.
Ligotés dans notre État de droit
« L’islam étant une civilisation totale, fière, guerrière, offensive, militante, qui a très mal vécu d’être humiliée par l’Occident depuis deux siècles », nous avons été assez « stupides » pour reconstituer sous le même toit métropolitain deux communautés dont l’une sortie de « l’antagonisme colonial » constitue « une immigration à tendance victimaire, revendicative, portée autant au ressentiment qu’à l’ingratitude et qui se présente en créancière d’un passé qui ne passe pas ».
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Pierre Brochand, là où il pense et dénonce, ne laisse rien indemne: il a constaté « les conséquences terribles du retrait américain au Sud-Vietnam » et les horreurs totalitaires des Khmers rouges au Cambodge. Représentant permanent adjoint de la France à l’ONU, il relève que l’Occident est minoritaire et « combien les autres nous regardent avec autant d’envie que de ressentiment ». La personnalité qu’est Pierre Brochand, qui a beaucoup vu, vécu et agi, n’en est que plus crédible quand il formule cette remarque désabusée mais si pertinente : « Le chantage au racisme est commode. Après, on ne peut plus rien dire ».
Une parole trop rare
Il est encore plus convaincant – et je me place modestement dans son sillage pour avoir souligné les graves faiblesses de notre État de droit – quand il déplore que « nous soyons ligotés par notre État de droit », amputé de sa souveraineté nécessaire par « nos cinq cours suprêmes qui, se mettant au service des droits individuels, condamnent de fait la puissance publique à l’impuissance ». Cette parole forte qui évidemment rappelle que « la nation est un cercle de confiance que l’immigration sape » est plus que jamais nécessaire quand tant de pensées « mondialisantes » blessant les identités collectives visent à dissoudre l’âme des peuples.
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Ce serait se leurrer de croire que Pierre Brochand, parce que sa réflexion, ses expériences et son verbe sont profonds et multiples, représente une majorité et que le combat est gagné contre tous les délitements. Le salut, pour l’instant, vient d’interventions solitaires, respectables et qui n’ont peur de rien. Elles peuvent donner l’impression de briser des murs d’incompréhension et de mensonges mais la lutte est plus que jamais en cours. J’ai éprouvé humblement ce sentiment quand j’ai offert au congrès du Syndicat Alliance ma vérité sur la police et que je lui ai fait du bien en même temps que je libérais mon envie de défendre un corps la plupart du temps exemplaire et décrié par des ennemis de la République et des suppôts de la violence.
Pierre Brochand, en soulignant que l’État devrait avoir un rôle capital, et pas seulement « celui d’agence de distribution de droits et de prestations », fait en définitive peser la responsabilité sur les politiques « qui ont construit eux-mêmes leur propre illégitimité faute de courage, le décalage entre les promesses et les résultats étant à la source de leur impopularité et de la colère des Français ». Il nous faudrait dans l’action une multiplication de ces êtres qui n’ont pas peur de leur ombre et n’hésitent jamais à servir plus qu’à se servir. Une denrée rare, mais des Pierre Brochand donnent de l’espoir.