Il fait trop chaud. Les touristes allemands débarquent en quantité ahurissante sur les plages françaises. Sur les chaînes de télévision prospèrent les plus rances des rediffusions, avec de notables apparitions des Charlots dedans. Bientôt les ministres, depuis leurs lieux de villégiatures, feront des happenings médiatiques effrayants en tongs. C’est l’été. C’est les vacances. Pour déjouer cette malédiction, voici quelques suggestions aptes à réenchanter ce  triste mois de juillet.

Le cabinet de curiosités de Christophe Bier

La plupart des cinéphiles un peu déviants ont déjà croisé le chemin de Christophe Bier. Que ce soit au travers de ses apparitions dans les films de Jean-Pierre Mocky, au travers des longues conférences qu’il donne sur le site FilmoTV (pêle-mêle sur les films de genre ou sur les comédies désolantes françaises des années 70-80), au travers de son colossal Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques de longs métrages en 16 et 35 mm (paru en 2011), ou de ses films documentaires (sur l’acteur Daniel Emilfork ou l’abominable cinéma fauché de la société de production « Eurociné »)… Mais les obsessions de Christophe Bier dépassent de loin le champ du cinéma. Les auditeurs de l’émission « Mauvais genre » sur France Culture le savent bien. Chroniqueur régulier depuis 2003, Bier régale la France de ses monomanies les plus diverses, depuis la collection de fanzines, les nains au cinéma (C’est un vrai sujet : le nain au cinéma remonte aux temps les plus immémoriaux du muet !), les corsets (on le comprend), les boutiques qui vendent des escarpins aux talons honteusement démesurés, la science-fiction, les indispensables films de vampiresses fatiguées de Jean Rollin, toujours diffusés la nuit, les films d’action turcs des années 70, les mille tours pervers de la censure, les acteurs musculeux connotés incarnant toujours les King-Kong ou les Maciste, des pornstars américaines oubliées qui ont fini par faire le tapin, Dominique Zardi célèbre flingueur du cinéma français…

Chroniques radiophoniques

Le Dilettante a eu la très bonne idée de réunir un choix de ses chroniques radiophoniques percutantes et toujours très documentées en un recueil chronologique – qui comblera les esthètes, les amateurs de curiosités et de culture populaire. Dans l’une de ses chroniques, Christophe Bier rend hommage à la série olé-olé « Brigade mondaine » qui – à côté des SAS – fit les riches heures de Gérard de Villiers. Et qui fut un nègre régulier de cette série, s’épuisant la santé dans l’écriture de ces polars polissons ? Philippe Muray ! La boucle est bouclée. Obsessions, au-delà de sa drôlerie irrésistible, de sa frénésie documentaire assez étourdissante, des mille univers qu’il met à notre portée, du frisson honteux qu’il nous colle en nous donnant l’impression de frayer en eaux troubles, est aussi une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît sur les marges culturelles, et les divertissements populaires d’avant les temps maudits de la télévision…

Christophe Bier, Obsessions, Le Dilettante/France Culture, 2017.

Pom-pom-di-pou !

Avant l’avènement de notre nouveau président-prodige, avant que l’hexagone ne soit une start-up nation disruptive, avant ces mille merveilles, la France était un vrai pays, qui se choisissait parfois des présidents esthètes parlant normalement. Ce fut le cas de Georges Pompidou, passionné d’art, qui a acheté sa première œuvre – un dessin de Marx Ernst – en 1930, et fit son dernier achat (un tableau de Jacques Villon) quelques jours avant de mourir. L’initiateur du Centre Pompidou est au cœur d’une étrange et très belle exposition au Château de Chambord. Au cœur du Loir-et-Cher, en pleine campagne, sont accrochées des toiles de Vasarely, Mathieu, De Stael…Le dossier de presse nous garantit une « aventure du regard »… peut-être pas, mais en tout cas, une bien belle balade !

Exposition Georges Pompidou et l’art, une aventure du regard, jusqu’au 19 novembre 2017.

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à suivre…