Cette association fait parler d’elle en donnant le la dans l’affaire Damien Abad. Ses membres en font des caisses, et voteront toutes Nupes.
En quelques jours, un dénommé “Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique” (ou Observatoire des VSS), quasi inconnu jusque-là, a fait une entrée tonitruante dans les médias. Créé le 21 février 2022 par Fiona Texeire (qui donne à Sciences Po Rennes un cours sur les violences sexistes en politique), Mathilde Viot (qui a rejoint LFI en 2017 et a été collaboratrice de Mme Obono) et Alice Coffin (qu’on ne présente plus), à la suite d’une tribune publiée par le journal progressiste Le Monde, cet Observatoire a pour objectif de dénoncer les violences sexistes et de soutenir les femmes en politique.
En soi, le but est peut-être louable. On s’étonnera toutefois des procédés utilisés pour dénoncer un homme politique et demander son éviction du gouvernement avant même qu’une condamnation judiciaire ait été prononcée – ou même après jugement, comme c’est le cas pour M. Abad à propos duquel deux plaintes (en 2012 et 2017) ont été classées sans suite.
Innocent ou coupable, il est à craindre que Damien Abad fasse d’abord les frais d’une formidable opération publicitaire. Les créatrices de l’Observatoire des VSS sillonnent en ce moment les plateaux de télé et de radio pour expliquer à satiété comment elles ont reçu le témoignage d’une des deux femmes accusant le ministre d’agressions sexuelles, et pourquoi il faut virer ce dernier manu militari.
Des tribunes misandres ouvertes sur France 5 ou BFMTV
Mathilde Viot dit sur BFMTV : « Nous avons été contactées par une de ces deux femmes… en fait par une lettre anonyme qui nous faisait état de sa situation ». On croit comprendre que cette expéditrice anonyme, possible victime, n’a pas supporté de voir M. Abad nommé ministre et a voulu partager son dépit avec des féministes avérées. Mathilde Viot avoue que cette femme « a désiré qu’on ne fasse rien ». Pourtant, « très rapidement on lui a dit qu’on allait quand même, si elle acceptait, alerter les partis politiques… » Autant dire que cette femme n’avait peut-être plus vraiment le choix. Sa lettre est opportunément tombée entre les mains de virulentes militantes dont l’une, Mathilde Viot, a écrit un livre qui, ça tombe bien, est paru le 25 mai. Ce livre est gentiment intitulé L’homme politique, moi j’en fais du compost – titre qui surfe sur celui de Martine Harmange, Moi, les hommes je les déteste, et qui laisse vraisemblablement espérer à Mme Viot un succès éditorial au moins équivalent à celui de Mme Harmange. Dans ce livre, Mathilde Viot écrit en écriture inclusive : « Les avis de l’Académie française et de Jean-Michel Blanquer m’importent peu ». Elle promet de « décortiquer la masculinité hégémonique et toxique » et d’ébranler le pouvoir qui s’incarne « en un homme blanc, bourgeois, hétérosexuel, valide et de culture catholique », et où « les personnes racisées sont rares ». Mathilde Viot est une sorte de synthèse du progressisto-wokisme d’extrême-gauche. Son livre devrait connaître un petit succès dans les milieux idoines.
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Dans l’émission “C à vous”, après que Patrick Cohen a pourtant insisté sur la nécessité de recourir à la justice pour établir la vérité et punir l’éventuel coupable, l’argumentation de Fiona Texeire paraît pour le moins étrange : le gouvernement devrait remercier Abad non pas parce qu’il a été dûment condamné pour viol mais parce qu’il faut « protéger les femmes qui vont travailler avec lui et qui peuvent se sentir dans une forme d’insécurité » à cause d’accusations qui restent à prouver. Vu le déballage médiatique fait autour de cette affaire, elles devraient au contraire se sentir plutôt en sécurité. Damien Abad est condamné à être dans ses petits souliers : chaque mot et chaque geste du ministre seront pesés à l’aune du soupçon.
La chevronnée Caroline de Haas à la rescousse
Quant à Alice Coffin, dont le sens de la mesure n’est plus à démontrer, elle appelle « toutes les femmes à se soulever » et organise une manifestation à Paris contre « le gouvernement de la honte ». Avec l’Observatoire des VSS, Alice Coffin va pouvoir confirmer le diagnostic terrifiant qu’elle faisait dans son livre Le génie lesbien : « Les hommes tuent les femmes. Sans relâche. […] Quand Caroline De Haas affirme qu’un homme sur deux ou trois est un agresseur, un torrent d’insultes se déverse. Pourquoi ? C’est l’évidence. […] Tous les jours, on compte nos mortes. » Caroline de Haas, soutien actif de Jean-Luc Mélenchon, est montée elle aussi au créneau pour dénoncer le deux poids deux mesures : Damien Abad reste au gouvernement malgré les accusations de deux femmes alors que François de Rugy a été débarqué du gouvernement suite à une histoire de… homards (1). La bonne question à se poser serait plutôt de savoir comment il a été possible de virer un ministre pour un motif aussi anodin. Mais on verra plus loin pour quelles raisons Caroline De Haas ne pouvait pas rater cette nouvelle occasion d’apparaître sur les écrans pour promouvoir entre autres l’Observatoire des VSS.
En plus des possibles règlements de comptes politiques sous couvert de féminisme, le déballage médiatique orchestré par l’Observatoire des VSS entérine des méthodes qui nous éloignent de plus en plus de la justice et nous rapprochent de plus en plus du voyeurisme et du business victimaire néo-féministe. Ce business est entre les mains de féministes radicales d’extrême-gauche qui sont pour le voile islamique (via les « hijabeuses ») ou le burkini, qui luttent contre le cyberharcèlement mais s’intéressent peu au cas de Mila, qui traitent de racistes ceux qui osent évoquer les agressions sexuelles sur des centaines de femmes allemandes par des migrants à Cologne début 2016 (cf. le tweet de Caroline De Haas du 7 janvier 2016). On « croit » plus facilement certaines femmes que d’autres et leurs récits sont plus médiatiquement exposés – il faut pour cela être la potentielle victime d’un homme plutôt blanc, plutôt « bourgeois », plutôt dans le gouvernement ou dans le milieu médiatico-politique.
Après chaque « scandale » où elles se substituent médiatiquement aux tribunaux, des associations comme “Osez le féminisme !” réclament des moyens financiers supplémentaires à l’État qui permettront de faire tourner de petites entreprises monnayant des formations étiques sur « l’égalité entre les femmes et les hommes » et le « sexisme au travail », ou participant à la mort sociale d’un musicien du conservatoire de Paris ou d’un journaliste de Télérama (2).
Dans ce temps détestable de déballages médiatiques, de délations, de soupçon généralisé alimenté par les Torquemada néo-féministes, ces petites entreprises ne sont pas près de connaître la crise…
(1) En réalité, c’est Rugy qui a démissionné, estimant ne plus pouvoir assurer ses fonctions, ce que Caroline de Haas fait mine d’oublier pour sous-entendre que Macron et le gouvernement protégeraient les violeurs mais pas les mangeurs de crustacés NDLR.
(2) Le journaliste Emmanuel Tellier a été licencié par le journal Télérama pour « agissements sexistes » après une enquête menée par la société Egaé, société fondée et co-dirigée par Caroline De Haas. Les prudhommes de Paris ont estimé que son éviction ne se fondait sur aucune cause réelle. Le journal Marianne avait recueilli à l’époque (mai 2021) des témoignages accablants sur les méthodes de la société Egaé : instruction uniquement à charge, menaces, intimidations, manipulations, etc. Le même type de témoignages a été recueilli par Marianne à propos de l’enquête au conservatoire de Paris dirigée par Caroline De Haas et conduisant à la suspension du professeur de violoncelle Jérôme Pernoo. L’enquête s’est révélée tellement à charge et partiale que ce dernier a été réintégré après quatre mois de suspension. Mais le mal était fait : réputation détruite, concerts annulés, collaborations professionnelles repoussées, etc.
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