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Salauds de gros!


Salauds de gros!
Sculpture de Santiago Botero. @mhobl
Sculpture de Fernando Botero. @mhobl

Il fut un temps où être gros était un signe d’opulence. Le « gros », c’était celui qui mettait plus de poids sur la charrue, pour creuser un sillon plus profond et produire des récoltes plus conséquentes. Sa graisse excédentaire fertilisait la terre, elle lui était gage de beauté. Dans les populations historiquement affamées, le symbole de beauté est toujours gros — Ganesh en Inde par exemple. L’éléphant était bien plus beau que la gazelle. Pas un hasard si l’on offrait à des maharadjas obèses leur poids en bimbeloteries précieuses : ils étaient gros, ils étaient beaux. Le maigrichon n’inspirait pas confiance — quant à la maigrichonne, elle était probablement tuberculeuse : le plus étonnant dans la Dame aux camélias, c’est que le héros tombe amoureux d’un squelette, alors que tant de beautés bien en chair s’offraient à cette époque à sa libido post-adolescente.

Le beau gros? Ça, c’était avant…

D’où la difficulté, à l’opéra, de trouver une Violetta qui soit à la fois exceptionnelle et mince… Callas, oui – Montserrat Cabbalé, je suis moins sûr, quelle que soit la qualité de la « Superba » soprano catalane. Mes préférés sont à l’Est – Edita Gruberova ou, mieux encore, Anna Netrebko à Salzbourg en 2005.

Mais ça, c’était avant. Avant Twiggy, le premier « cintre », comme dit ce merveilleux ami des femmes qu’est Karl Lagerfeld, à avoir arpenté les podiums. Avant la dictature de la minceur à tout prix.

Ce que cette obsession de la ligne a contribué à mettre en évidence, c’est le nombre de plus en plus élevé de gros réellement gros. Non plus les femmes rondes de Maillolou de Botero— non : d’authentiques obèses des deux sexes.
C’est devenu un problème de santé publique — aux Etats-Unis d’abord, en Europe ensuite. Et un marché : les boutiques ou les sites Internet, plus discrets, pour les personnes rondelettes abondent désormais. Il y a même de la lingerie érotique (?) pour « grandes tailles » – jusqu’au 64. Mazette !

Evidemment, cela a permis de culpabiliser les gros. De les amener à…

Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Claude Brighelli.



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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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