Depuis des années, l’auteur de Guérilla décrit au fil de ses romans une France scindée en communautés et en proie à l’hyperviolence. La fiction est devenue réalité. Les émeutes du mois de juin ont une fois de plus prouvé l’impuissance de l’État à maintenir l’ordre. Pourtant, des solutions existent. Elles se nomment justice et fermeté.
Causeur. La réalité commence à ressembler furieusement à vos livres, ce qui vous donne le droit de jouer les oracles. Avons-nous assisté aux prémices d’une guerre civile ? Bref, pouvons-nous, pour de vrai, être plongés dans Guérilla (qui était hier encore qualifié de fantasmes d’extrême droite) ?
Laurent Obertone. Sans même parler des émeutes, nous vivons depuis des années un climat de guérilla latent. Les chiffres de l’insécurité, en particulier des violences aux personnes, sont indignes d’un pays développé. En augmentation constante depuis Hollande, ils ont battu sous Macron et Darmanin tous les records. Comme les chiffres de l’immigration d’ailleurs. Il a fallu un embrasement généralisé pour que le Français prenne la mesure des limites de l’État, soudain en pleine lumière, face à un ennemi innombrable, disséminé sur tout le territoire, dans des centaines de quartiers. Si cet ennemi se mobilise partout en même temps, les forces de l’ordre n’auront pas les moyens numériques, matériels – et surtout pas les directives – pour faire face. Ce qui sauve l’État est pour l’instant l’absence d’organisation politique des émeutiers, la passivité du citoyen moyen, qui se contente de regarder sa France brûler de loin, mais aussi le naufrage de l’opposition de gauche, qui a vendu ce qui lui restait d’âme en rêvant de noyauter de tels mouvements, en leur prêtant des intentions qui n’existent pas.
Il semble cependant que, dans la sécession à laquelle nous assistons, la composante islamiste soit moins présente que dans Guérilla. Mais peut-être avez-vous des informations à ce sujet…
Oui, il semble que les autorités religieuses soient un peu dépassées par l’embrasement. Mais la frontière pratique entre ces violences et le terrorisme est mince : il s’agit toujours de faire en sorte de soumettre l’autochtone, rendre ses promenades dangereuses, pister et attaquer les flics isolés… C’est une forme de terrorisme, sans les gros moyens, mais au moins aussi efficace. La foudre de la violence gratuite peut vous tomber dessus à tout moment… Et pénalement c’est moins risqué pour les auteurs, du fait de la « compréhension » judiciaire. Pour résumer, vous vous ferez poignarder ou lyncher pour rien, personne n’en parlera, c’est la faute à la société, il faut plus de moyens et de city-stades. Même pas besoin de compassion ministérielle et de petites bougies.
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Vous l’avez observé, il n’y avait pas, au-delà des violences, de projet politique pour renverser le gouvernement et prendre le
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