Tous les grands noms de la presse américaine étaient là face à une salade de légumes d’hiver tristement diététique et face à un choix non moins désolant entre une mini portion de bar grillé ou un carré d’agneau découpé en tranches quasi transparentes. Et pas un seul d’entre eux, pas un seul des journalistes conviés par Michelle Obama à célébrer le premier anniversaire du lancement de sa campagne « Let’s Move ! », destinée à réduire la progression de l’obésité enfantine, n’aurait pu dire, même avec la meilleure volonté du monde, qu’il participait à un évènement marquant. La conversation autour de la table languissait. Dehors il neigeait.
C’est alors que quelqu’un du bout de la table a posé the question décisive pour l’avenir du pays : « Pardonnez-moi, Monsieur le Président a-t-il réussi à arrêter de fumer ? »
Comme le saisirent les chroniqueurs, quelque chose d’intensément profond et fier se refléta alors dans le regard de la First Lady, quelque chose de majestueux. La tension autour de la table était devenue insupportable. L’espoir que tout soit encore possible, et que l’on avait cru éteint à jamais, étincela à nouveau. Puisque, inutile de le préciser, avec un Président non-fumeur, avec un Président ayant été capable de vaincre le vice hideux du tabagisme, avec un Président sain dans son corps comme sain dans son âme, tout, absolument tout, semblait à nouveau réalisable. Faire baisser le chômage ? Sauver l’industrie automobile ? Relancer l’économie ? En finir une fois pour toutes avec les bonus des banquiers ? Stopper net l’expansion massive de la dette ? Bagatelles que tout cela ! Seulement, seulement… Monsieur le Président, a-t-il arrêté de fumer ? Et Michelle Obama de relever la tête pour déclarer : « Yes, he has ! »
Et voilà que les plus grands noms de la presse américaine se levèrent comme un seul homme pour acclamer celui qui permettra aux Etats-Unis de « gagner le futur », d’oublier le déclinisme, de surpasser le reste du monde dans l’innovation. La nouvelle se propagea à une vitesse orbitale. Pas un seul média digne de ce nom n’osa la négliger (ce qui explique son annonce dans Causeur).
Et puis sont tombées les premières évaluations des changements, tant attendus, vers un avenir meilleur. Les Etats-Unis comptent ne comptent désormais plus 40 millions de fumeurs mais seulement 39.999.999.
On attendait d’Obama des résultats concrets, chiffrés. En voilà !
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