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Aménagements de façade à la Maison-Blanche


Aménagements de façade à la Maison-Blanche

Plus question, donc, d’un retrait précipité d’Irak – l’hypothèse d’une réduction significative des forces américaines dans ce pays à l’horizon 2010 est aujourd’hui considérée comme réaliste, aussi bien chez Obama que chez McCain. En revanche, Obama qui était jusque-là partisan d’un renforcement des forces américaines en Afghanistan, sera peut-être être amené à réviser sa position si la stratégie amorcée par Petraeus pour rallier au gouvernement Karzaï les chefs talibans dits « modérés » se révèle payante.

Dans le conflit israélo-palestinien, il faut s’attendre à un activisme forcené de la nouvelle Administration. Les Clinton boys veulent absolument « finir le job », autrement dit faire une réalité de la ligne « deux Etats pour deux peuples » qui avait échoué d’un cheveu à Camp David au cours de l’été 2000. Pour autant, un revirement majeur comme celui qui consisterait à accorder au Hamas le même statut d’interlocuteur que celui dont bénéficie le Fatah de Mahmoud Abbas. La réussite, en Cisjordanie, d’un Etat palestinien soutenu financièrement par la communauté internationale, ayant abjuré le terrorisme et entretenant des relations apaisées avec Israël est considéré par Dennis Ross comme la meilleure manière de miner le soutien populaire au Hamas dans la bande de Gaza. Conjuguée à des pressions exercées sur l’Egypte pour qu’elle fasse cesser la contrebande d’armes vers Gaza, cette fermeté devrait, selon Ross, aboutir soit à la défaite du Hamas, soit à la conversion de celui-ci à une politique « réaliste » vis-à-vis d’Israël. D’autre part, l’élection de Barack Obama pourrait favoriser celle de Tzipi Livni au poste de premier ministre d’Israël lors du scrutin de février 2009. Les électeurs de l’Etat juif pourraient en effet juger plus sage d’élire une Tzipi Livni plus « obamacompatible » qu’un Benyamin Netanyahu par trop lié aux « néo-cons » d’outre Atlantique.

Il faut cependant s’attendre à un changement raisonnable: l’unilatéralisme systématique de l’administration Bush fera sans doute place à une vision beaucoup plus multilatérale de l’action diplomatique de la première puissance mondiale. Mieux vaut avoir des alliés que des adversaires, et il convient donc d’être poli avec ceux que l’on veut convaincre d’agir avec vous. L’Europe, certes, sera davantage écoutée et invitée à jouer sa partie dans le concert mondial, mais elle ne sera pas seule: la Russie et la Chine seront conviées à un partenariat dans la gestion des crises planétaires. Washington devrait changer de ton vis-à-vis de la Russie de Poutine et n’ira plus la titiller dans son « étranger proche » comme la Géorgie et l’Ukraine ; mais celle-ci devra, en échange, accepter l’installation, en Europe de l’est du système de défense antimissiles initié par l’administration Bush.

Qu’on ne se méprenne pas : cette nouvelle approche ne changera rien aux fondamentaux de la relation transatlantique: l’écrasante supériorité américaine dans le domaine militaire, l’incapacité de l’Europe à combler cet écart et la gestion plutôt musclée de l’OTAN par l’administration Clinton n’augurent pas vraiment d’un partage volontaire du leadership mondial des Etats-Unis avec leurs plus proches alliés.

Le paradoxe, en fin de compte, est que c’est dans les rangs de son propre parti que Barack Obama pourrait rencontrer les plus grandes résistances à la mise en œuvre d’une politique étrangère novatrice et ambitieuse. Disposant d’une confortable majorité au Congrès, les démocrates, poussés par leurs électeurs, feront pression pour une diminution des dépenses d’armement et des budgets des agences de coopération, au profit de subventions aux secteurs économiques et d’aide aux groupes sociaux victimes de la récession de grande ampleur qui s’annonce. Les premières nominations annoncées par Obama donneront une idée de l’orientation qu’il entend suivre en politique étrangère. La promotion au secrétariat d’Etat d’un novice ou d’un gros donateur de la campagne dépourvu d’expérience signifierait un repli de l’Amérique sur ses problèmes intérieurs, alors que la nomination à ce poste d’un Anthony Lake, d’un Dennis Ross, et même, pourquoi pas, d’un Colin Powell montrerait que le 44e président des Etats-Unis d’Amérique est déterminé à voir son pays continuer à jouer un rôle planétaire.



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