La lutte des classes va parfois se caser dans les endroits les plus inattendus. Chacun le sait, en période de chômage élevé, la plupart des mouvements sociaux sont concentrés dans les secteurs publics et parapublics.
Quand des grèves touchent le secteur privé, exception faite des appels nationaux tel celui du 11 octobre prochain, il s’agit presque uniquement de mouvements défensifs, contre un plan « social », une fermeture d’entreprise ou une délocalisation.
En clair, ceux qui comme moi ont grandi à une époque où l’on faisait grève pour un oui, pour un non, mais le plus souvent pour des hausses de salaires ont des allures de syndicalistes de Cro-Magnon.
C’est donc avec une joie assez entière, et une stupéfaction qui l’est tout autant que nous avons appris la tenue hier d’une grève massive dans trois radios de NRJ Groupe, NRJ, Nostalgie et Chérie FM. À l’appel de leurs syndicats, une large majorité des journalistes de ces stations ont débrayé dans la matinée, pour obtenir 5% d’augmentation, une goutte d’eau, il est vrai, au vu des bénéfices très conséquents du groupe.
On pourra être étonné que cette lueur d’espoir nous vienne d’un des hauts lieux de la décérébration. Ça m’apprendra à avoir des préjugés, ou disons trop de préjugés. Et je tire donc mon chapeau à ces OS du journalisme qui ont compris un truc tout simple : non seulement leur patron peut pas faire de radio sans eux, mais en plus, pour lui, la menace de délocaliser tombe à l’eau : même s’il en rêve, Jean-Paul Baudecroux ne risque pas de faire tourner son business en direct depuis Vientiane avec des reporters moldaves et des techniciens sri lankais…
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