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Bataille judiciaire inattendue autour du film «Novembre»

Élisabeth Lévy: « Les victimes du 13 novembre ne méritent pas d’être instrumentalisées »


Bataille judiciaire inattendue autour du film «Novembre»
Bande annonce de "Novembre" de Cédric Jimenez Capture d'écran YouTube / Studio Canal

Avant sa sortie, le film « Novembre », consacré aux attentats du 13 novembre, suscite une polémique inattendue… et un procès. Le regard libre d’Elisabeth Lévy.


L’histoire nous est racontée par Mohamed Sifaoui, dans le JDD. Le film, réalisé par Cédric Jimenez, avec Jean Dujardin et Sandrine Kiberlain, sort le 5 octobre. 

Le litige porte sur le personnage de Sonia, pseudonyme de la femme qui avait appris aux forces de l’ordre qu’Abdelhamid Abaaoud, le chef du commando terroriste, se cachait à Saint-Denis (93). Ce dernier a été tué, avec son complice, dans l’assaut du Raid, le 18 novembre. De son côté, Sonia vit désormais sous une fausse identité. 

Dans le film, son personnage, rebaptisé Samia, appelle le numéro vert mis en place par la police : «Je sais où se cachent les deux terroristes». Mais seulement voilà, on y voit Samia porter le hidjab, ce qui n’est pas du goût de Sonia. Pour elle, le voile est le symbole d’une infériorisation de la femme, que les islamistes veulent imposer comme norme. Pour son avocate, Samia Maktouf, le film la présente donc comme « porteuse de convictions religieuses et a fortiori d’une idéologie djihadiste comparable à celles des terroristes ». Elle a saisi le tribunal en référé pour demander, non pas l’interdiction du film mais l’insertion au générique d’une mention précisant bien que les convictions personnelles de Samia ne reflètent pas celles de Sonia. 

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Que faut-il en penser ? 

Sur le plan juridique, je ne sais pas si la liberté de création doit être limitée par la vérité historique (et dans quelle mesure ?). Cependant, si une œuvre de fiction prétend refléter cette vérité historique, le spectateur doit sûrement être informé des libertés prises par le cinéaste. D’où la mention qu’on voit habituellement : toute ressemblance avec des faits ou des personnages réels est fortuite etc.

S’agissant de ce film, on a en tout cas au moins le droit de critiquer vertement le choix du réalisateur. Mettre un voile à Sonia / Samia n’est pas innocent, car c’est une façon de proclamer qu’il n’y a aucun rapport entre l’islam et l’islamisme, ce qui s’appelle le « rien-à-voirisme ». La preuve: c’est cette femme voilée, l’héroïne, qui prend des risques pour sauver des vies…

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Bien sûr, on ne saurait tracer un signe d’égalité entre islam et terrorisme, ni d’ailleurs entre islam et islamisme. Sauf que la frontière entre islam et islamisme n’est pas aussi nette et claire qu’on nous le dit ou qu’on aimerait qu’elle soit. Comme Sonia / Samia, je pense que la généralisation du voile révèle (malheureusement) l’islamisation d’une partie de l’islam. En réalité, le cinéaste nous joue donc l’air du pas d’amalgame. Or, les victimes du 13 novembre ne méritent pas d’être instrumentalisées au service de cette propagande des bons sentiments !


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale, à 8h10.



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