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Surprise: la gauche et Madame Taubira dénoncent le «Grand remplacement» !

La situation dramatique en Nouvelle-Calédonie inquiète également à gauche, mais pas comme on aurait pu l'espérer


Surprise: la gauche et Madame Taubira dénoncent le «Grand remplacement» !
L'ancienne ministre Christiane Taubira, Paris, janvier 2022 © ISA HARSIN/SIPA

Une partie de la presse et de la classe politique de gauche se met à parler comme Renaud Camus…


La Nouvelle-Calédonie s’embrase ; la réforme constitutionnelle proposant l’élargissement du corps électoral pour les élections provinciales à tous les citoyens résidant sur place depuis au moins dix ans est contestée par les indépendantistes, dans la violence et les exactions. Ils redoutent que celle-ci ne cause l’affaiblissement de leur poids électoral et ne minorise le peuple autochtone kanak au profit des Caldoches (issus de l’immigration européenne).

Quand la gauche perd ses repères

En ces tristes circonstances nous découvrons avec stupeur qu’une certaine partie de la gauche se met subitement à raisonner comme « l’essstrême droite ». On n’est pas rendu ; s’il nous restait quelques repères, fragiles, nous voilà sur le point de dévisser. À gauche, à propos des Kanaks (Français, au demeurant), on se met à penser en termes de nation, de culture, de peuple à part entière pour les définir de manière ethno-culturelle, quasiment raciale. La gauche accrédite ainsi, parce que ça l’arrange, la thèse sulfureuse du Grand remplacement.

Florilège : Marine Tondelier, la Secrétaire nationale des écologistes a dénoncé mardi, sur Franceinfo : « une humiliation » des Kanaks par « l’État colonial ». Elle a ensuite précisé : « l’orientation de cette réforme, c’était que les Kanaks aient moins de poids électoral (…) »   Andrée Taurinya, députée LFI, s’est aussi exprimée : « Tout le monde savait que mettre le peuple kanak en minorité sur ses terres conduirait à sa colère. » Fichtre ! Daniel Schneidermann, de Libération a posté sur X : « Un peuple vivait paisible sur une terre. Survint d’au-delà des mers un autre peuple, qui avait la légitimité du malheur et la force des armes. Kanaky, Palestine : colons bagnards, colons rescapés, ttes les différences du monde. Mais tant d’accents communs. » Bigre ! Renaud Camus, sortez de ces corps.

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Le plus comique de cette tragique histoire, c’est que la gauche tient sa poétesse du Grand Remplacement en la personne de Madame Taubira. Remise de sa piteuse campagne électorale pour les présidentielles, elle vient de ressortir la lyre pour la mettre au service des Kanaks. L’aède du Maroni avait, on s’en souvient, confié à Augustin Trapenard avoir recours à la poésie pour convaincre, « quand ça tire de partout. » « Ce qui me vient alors, ça n’est pas une théorie philosophique, politique ou doctrinale, ce sont des vers cinglants ou attendrissants… En tout cas, c’est une parole de poète ou de poétesse, une image dessinée par les mots qui résume la situation ou qui éclaire ce que j’essaie de dire. » Ainsi, notre mâche-laurier n’a pu s’empêcher de rimailler, touchée au cœur par la sujétion des Kanaks qui n’est pas sans lui rappeler celle des Guyanais. En 2007, on s’en souvient, la dame avait déclaré à propos de la Guyane : « Nous sommes à un tournant identitaire : les Guyanais de souche sont devenus minoritaires sur leurs propres terres. » Madame Taubira ne s’oppose donc pas à une définition ethnoculturelle de la Guyane, définition qui vaut aussi pour la Nouvelle-Calédonie. Elle ne condamne cette définition que quand il est question de la France métropolitaine.

Poésie « décoloniale » sur les réseaux sociaux

L’Inspirée s’est donc fendue sur X d’un poème en prose à la fois enfantin et pontifiant. L’objet littéraire, pompeusement intitulé : « Mon communiqué sur la situation en Nouvelle-Calédonie », expose tout d’abord la légitimité des Kanaks à ne pas vouloir se laisser envahir.

« Un peuple en ces lieux refuse de décliner, de dépérir, de s’éteindre.
Ou simplement de se faner, de renoncer à lui-même.
Ils sont ainsi, les peuples : attachés à leurs racines, leurs cultures, leurs mythes, leurs histoires, leur géographie (…) »

La poétesse aurait-elle été maraboutée par Éric Zemmour ? Puis la dame dont on sait qu’elle aimait Césaire ajoute, certainement pour apaiser la situation :

« On ne sort de l’histoire coloniale, de l’empire colonial, des séquelles coloniales, des vestiges coloniaux, des mécanismes et des engrenages, on n’en sort que par la rupture. »

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La pythonisse avisée poursuit, n’oubliant pas au passage, d’écornifler le gouvernement :

« La dénégation, candide ou lâche, n’est pas une voie. Les forfanteries d’État sont stérile provocation et infantilisme. Et dans ces cas-là, l’amateurisme est un cynisme. »

Et notre chantreresse conclut sa tirade d’élève de quatrième sur une véhémente affirmation de la solidarité universelle avec des kanaks en lutte contre le Grand remplacement.

« De partout nous sommes solidaires de toutes celles et ceux qui, là, maintenant, sur cette terre kanake en ébullition, envers et contre tout, refusent l’injustice et les inégalités, récusent ce destin de désespoir et de violence. Refusent de le subir. Refusent de l’infliger. Égalité et fraternité ?
Responsabilité. »

La gauche, pour le Bien de la France, pense donc comme « l’essstrême droite ». À condition, bien sûr, qu’il ne soit pas question de la Métropole.



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est professeur de Lettres modernes

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