En excluant LFI et le RN de ses interlocuteurs, Emmanuel Macron se place désormais en adversaire déclaré de son peuple, estime notre chroniqueur. Sa réponse à la crise démocratique, qui marginalise une partie des citoyens, sera de l’aggraver…
Président de tous les Français, voici Emmanuel Macron instigateur d’une tambouille autour de la désignation, demain dit-on, du nouveau Premier ministre. Celui-ci aura pour mission d’ignorer près de 50% de l’électorat représenté par les deux partis parias. Jeudi dernier, Macron les a qualifiés d’« antirépublicains » parce qu’ils ont voté la censure contre Michel Barnier.
Les tractations de la honte
Hier, le spectacle offert par les 25 adoubés du Parrain, reçus à l’Élysée pour faire allégeance, a donné la mesure de l’effondrement de la classe politique, de la fonction présidentielle, de la Ve République. Présente lors de ces tractations de la honte, la droite de Laurent Wauquiez s’est laissée associer aux socialistes, aux communistes et aux écologistes, qui n’ont rien à envier aux indésirables mélenchonistes. La gauche minoritaire, PS en tête, a été priée par le chef de l’État de lui assurer sa propre survie. Mission apparemment acceptée par les pu-putschistes, au prix d’une trahison avec LFI faiseur de rois, d’une poignée de promesses et de quelques postes sans doute. Ce qui revient à admettre que le front républicain d’hier, qui a fait trébucher le RN au second tour des législatives après 217 désistements, était une mascarade, un abus de confiance. Mais qui en doutait ?
À ne pas manquer, les carnets d’Ivan Rioufol
Logique politique perverse
La psychologie perverse de Macron se retrouve dans ce projet illisible de gouvernement de désunion nationale. Le président aura mis son zèle diabolique, derrière des discours sur la concorde et l’apaisement, à monter les uns contre les autres pour se maintenir au centre. La fracture entre les élites et les gens ordinaires doit beaucoup au choix précoce du chef de l’État de faire taire la « foule haineuse » et les « populistes ». Reste à savoir si Bruno Retailleau, seule figure de rupture avec le conformisme progressiste, saura retrouver sa place dans cette coalition des contraires qui s’annonce. Elle n’aura comme obsession que des intérêts particuliers et des revanches à prendre. Les compromis avec la gauche et ses extrêmes ne pourront s’accorder, si Retailleau devait être reconduit à l’Intérieur, avec une politique de fermeté contre l’immigration de peuplement, une remise en question du périmètre de l’aide médicale aux clandestins ou une lutte contre les Français de papier qui menacent de reprendre le djihad contre l’Occident après la chute, le 8 décembre, du régime dictatorial syrien de Bachar el-Assad et la prise de pouvoir de l’islamiste Abou Mohammed al-Jouhani, adepte de la charia. En fait, cette droite-là est en voie de disparition. Ce ne sont pas les manœuvres de Wauquiez pour tenter d’écarter Retailleau de la lumière en vue des prochaines présidentielles qui vont rehausser cette formation en déclin, appelée ces jours-ci à cautionner la gauche. Ce mercredi matin sur RTL, Éric Ciotti a fustigé « le spectacle lamentable à l’Élysée de ceux qui ont mis la France à genoux ». Tout serait clarifié si toute la droite acceptait enfin de se retrouver, à l’image de ce que fait la gauche depuis des décennies. Cela s’appellerait l’union des droites…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !