L’affaire de la fausse alerte à la bombe (à eau miraculeuse ?) de Lourdes lève le voile sur la pratique parfaitement maîtrisée de la novlangue par le trop méconnu préfet des Hautes-Pyrénées. Celui-ci, un dénommé Bidal, s’est fendu d’une déclaration édifiante sur l’origine potentielle du poseur de lapin – à défaut de bombe. Il a précisé, selon les meilleurs journaux, que l’appel anonyme prévenant de la présence d’un engin explosif avait été passé par « un homme au fort accent méditerranéen […] » !
C’est une découverte pour les férus de géographie et de phonétique ne soupçonnant pas l’existence d’un accent méditerranéen unifié qui rassemble sous sa bannière consensuelle l’assent de Marseille, les roucoulements de Palerme ou les lamentations orientales.
C’est un casse-tête pour les policiers chargés de l’enquête : de quel côté de l’accent de la Méditerranée vont-ils orienter leurs recherches ?
C’est une victoire pour les chantres de l’indifférenciation dogmatique : les mots clivant s’évanouissent pour ne fâcher personne.
Mais c’est aussi une épreuve pour les tagueurs de mosquée : « sale Méditerranéen », c’est tout de suite moins efficace.
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