Les nombreux problèmes du secteur agricole ressemblent beaucoup à ceux qui entravent l’activité des entrepreneurs. Trop de bureaucratie, des subventions souvent contre-productives et des pouvoirs publics trop distants qui négligent les retours d’expérience de ceux qui sont sur le terrain. Tribune.
Tous dans le même bateau
Tous les producteurs entrepreneurs dans l’industrie ou les services se retrouvent dans les propos des paysans (le beau mot) et de leurs représentants, TPE, PME et même les grandes entreprises… Le premier constat commun est celui de la difficulté à être entendu, écouté puis considéré par le Gouvernement et l’administration. Nos entreprises et nos salariés, indissociables, sont des travailleurs participant en première ligne au bien commun du pays et à sa prospérité. « Certains voient l’entreprise privée comme un tigre prédateur à abattre, d’autres comme une vache qu’ils peuvent traire, seule une poignée voit en elle ce qu’elle est vraiment : le cheval courageux et volontaire qui tire la carriole ». Rien n’a changé depuis ce constat de Winston Churchill particulièrement adapté aux circonstances !
La sourde oreille
Les entrepreneurs sont aujourd’hui certes aidés (pour mieux être assujettis), souvent décriés, présentés comme des pollueurs ou des profiteurs alors que le tissu économique n’existe qu’à travers leur travail. Ce manque de considération conduit à un grand désarroi général… puis, à une colère qui a commencé à cause des augmentations des prix de l’énergie, et ce, sans vraiment attirer l’attention des pouvoirs publics qui ne faisaient que vanter les mesures prises dont grand nombre d’entreprises ne bénéficient pas. Par exemple : comment renégocier un contrat quand EDF refuse ? ils n’ont été ni écoutés ni entendus, et ce manque de considération est devenu insupportable.
A lire aussi : Comprendre les mouvements de contestation paysans
Paperasses et harcèlement
Ne séparons pas les agriculteurs du monde des entreprises, ils souffrent simplement un peu plus et en silence dans une plus grande indifférence ! Les causes du malaise des producteurs de biens et de services sont bien connues et claires et communes à la plupart : tous se plaignent des avalanches de normes et réglementations, les unes nationales, les autres européennes, appliquées avec rigorisme et presque malveillance par une bureaucratie devenue au cours du temps tentaculaire. Et quand on prétend simplifier ou alléger, on complexifie ! Le temps passé à lutter contre des mesures inapplicables ou contradictoires a fini par faire oublier l’objectif professionnel et surtout pèse sur la compétitivité. Pire : ce qui est exigé de nos producteurs nationaux ne l’est pas pour ceux qui importent produits et services sur notre sol. Quant à parler de contrôle des importations, c’est un leurre, car il est plus simple de harceler les producteurs nationaux… Ce qui est le cas.
La subvention et le juste prix
Enfin, en haut lieu on se justifie en énumérant aides et de subventions qui, effectivement, représentent souvent un pourcentage gigantesque des revenus, mais les producteurs quels qu’ils soient, agriculteurs ou industriels, travaillent dur et méritent un revenu décent sans qu’ils aient à mendier à Paris ou à Bruxelles pour survivre. La liberté d’entreprendre et la nécessité de vivre décemment de son travail est un droit inaliénable de notre République, encore faut-il que les gouvernements le permettent. Les entreprises ne doivent pas devenir des secteurs « assistés », le monde du travail effectif a besoin de considération et de la rétribution juste du travail effectué ; il ne peut pas survivre avec l’épée de Damoclès de l’appréciation d’un technocrate, sur l’obtention ou non d’une aide ou d’une subvention. Par ailleurs, ces aides ne sont là que pour compenser les prélèvements excessifs des États qu’il faudrait en plus remercier pour cette thérapie du cancer qu’il provoque !
A lire aussi : Tracteurs jaunes contre Tartuffes verts et bleus
Pour un examen sérieux de tous les textes
Le mouvement patronal Ethic est bien conscient que les actions de révolte des ruraux, menées pour se faire entendre des pouvoirs publics et de Bruxelles, laissent craindre un embrasement et que cette révolte comprise par tous les français fasse tache d’huile et conduise à de nouveaux troubles sur le fonctionnement d’entreprises de toutes sortes, lourdement pénalisées déjà par les dérèglements dans le secteur de l’énergie. Les solutions existent, mais elles passent obligatoirement par un examen sérieux et sans tabou de tous les textes censés, entre autres, défendre notre environnement ! Il faut réexaminer scrupuleusement tout ce qui a conduit à des contraintes bureaucratiques, inefficaces et le plus souvent orientées vers la décroissance ouvertement vantée et l’organisation d’une pénurie que notre peuple n’a jamais approuvée.
L’expérience du terrain, s’il vous plaît
Est-ce enfin le moment du sursaut ? Du vrai, pour sauvegarder notre prospérité et notre environnement ? Mais qui osera entamer une remise à plat étudiant prioritairement les impacts réels des mesures prises ? Qui s’intéresse aux retours d’expériences sur les conséquences des contraintes pesant sur les entreprises nationales agricoles et autres ? Certainement pas les cabinets ministériels qui prennent de haut, non sans un certain mépris, les jérémiades des entrepreneurs ; les énarques n’ont jamais mis les pieds dans la glaise du quotidien administratif qu’ils savent en revanche si bien inventer. La seule et unique solution est d’inverser judicieusement et volontairement une certaine forme d’exercice du pouvoir ; il faut attacher de l’importance à la base, au retour d’expériences de nos entreprises de toutes conditions. C’est seulement après, et avec leur accord, qu’il conviendra ou non d’intervenir. L’heure est venue pour la république des entrepreneurs de sauver… la République !
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !