La technologie contemporaine met en danger les constructions du passé que sont les cathédrales. Contre l’ubris de notre temps, la reconstruction de Notre-Dame exige de retrouver, ou au moins de respecter la façon d’être au monde de nos ancêtres. Elle ne doit pas être macronisée ni « upgradée ».
J’avais sept ans quand, le 28 janvier 1972, je vis brûler la cathédrale de Nantes, la ville où je suis né et ai grandi. Près d’un demi-siècle plus tard, j’ai vu brûler la cathédrale de Paris, où je me trouve aujourd’hui résider. Je pourrais en tirer une loi : les cathédrales des villes que j’habite sont promises au feu. Mais les faits appellent aussi quelques réflexions moins égocentrées.
On s’émerveille des prouesses que la technologie contemporaine permet de réaliser. De fait, les gens de Moyen Âge auraient été bien en peine de façonner la matière à l’échelle du nanomètre. D’un autre côté, ils savaient construire des cathédrales qui ressemblaient à des cathédrales, ce dont nous avons manifestement perdu la capacité – il n’est, pour le constater, que de contempler la cathédrale d’Évry qui, de l’extérieur, pourrait aussi bien être un hôtel de région, le siège social d’une banque ou un palais des congrès (il suffirait d’enlever la croix squelettique qui surmonte l’édifice pour que la vocation religieuse de celui-ci devienne insoupçonnable). Non seulement s’est imposé, avec la technique moderne, un esprit qui empêche l’émergence de toute architecture religieuse convaincante, mais encore la simple cohabitation des édifices anciens avec ladite technique, utilisée pour les aménager, les entretenir ou les restaurer, fait courir à ceux-ci de graves dangers. À Nantes, c’est le chalumeau d’un ouvrier couvreur qui déclencha le feu qui détruisit la toiture entière de la cathédrale[tooltips content= »En 2015, la basilique Saint-Donatien de Nantes a elle aussi été frappée par un incendie qui, déclenché par des travaux, a détruit l’essentiel de la toiture. »]1[/tooltips]. À Paris, on ne sait pas encore, on parle
