Piégé par des conservateurs, Charlie Chester a révélé en caméra cachée tout ce que sa chaîne était prête à faire pour empêcher la réélection de Donald Trump...
« À chaque fois qu’on parle de [Trump], on va immédiatement avoir une information qu’on psychologise, qu’on idéologise. Le bon sens voudrait simplement qu’on livre l’information, on peut avoir nos opinions, on peut les développer dans un débat. Mais là, même au niveau de l’information qu’on va délivrer en parlant de Donald Trump, elle est déjà orientée et nuancée », déclarait Sonia Mabrouk à Valeurs Actuelles en septembre 2019. Ce dévoiement du journalisme, un responsable de CNN l’a récemment reconnu sans se savoir enregistré, expliquant fièrement comment la chaîne avait manipulé l’information pour obtenir le départ de Trump.
The most trusted name in news ?
Un nouveau scandale après la parution d’une vidéo d’aveux, il y a quatre ans, quant aux manipulations sur le Russiagate de la part de la chaîne autoproclamée The Most Trusted Name in News (le nom le plus fiable dans l’actualité).
« Notre objectif était de chasser Trump du Bureau [ovale], non ? Officieusement, c’était cela ! » Dans son article du 13 avril intitulé « Un employé de CNN se vante auprès de Project Veritas de la diffusion par la chaîne de la propagande anti-Trump », le New York Post a publié des extraits de la première partie des aveux de Charlie Chester. Ce dernier, directeur technique de la chaîne d’information, a été filmé en caméra cachée lors de cinq rendez-vous censément sentimentaux décidés via l’application Tinder. Lors des rencontres, Chester a tenu à montrer l’importance des manœuvres de CNN pour discréditer le président Trump, comme mentir sur sa santé psychologique et neurologique. Twitter n’a pas tardé à réagir et a banni dès le lendemain le compte du journaliste James O’Keefe, le fondateur de Project Veritas, un groupe conservateur. L’entreprise de microblogage a affirmé qu’il s’agissait d’un compte frauduleux, conduisant O’Keefe à saisir la Cour suprême de l’État de New York pour diffamation.
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Au cours des entretiens, Charlie Chester a raconté comment CNN a surdramatisé de prétendus problèmes de santé du président : « La main de [Trump] tremblait, je pense. Nous avons invité énormément de gens du monde médical pour produire une narration qui n’était que de la spéculation, à savoir qu’il avait des dommages neurologiques et perdait la raison. Qu’il était inapte […] Nous avons ainsi créé une histoire sans rien savoir. Je pense que c’est de la propagande. » On soulignera que les tentatives pour discréditer Trump en faisant appel à l’argument d’autorité, avec des médecins orientés et supposés pouvoir diagnostiquer sans consultation, avaient connu leur point culminant en août 2019 avec le Dr Allen Frances, un psychiatre. Semblant prendre du recul, ce dernier avait critiqué ses collègues en disant qu’il ne fallait pas considérer le président comme un cas pathologique, avant de le décrire comme une personne aussi destructrice que Mao, Staline et Hitler. Face au tollé, l’animateur de CNN avait prétendu n’avoir pas entendu cette phrase en raison d’un problème technique.
Toujours dans ce registre de la santé, le directeur technique de CNN a également dit que la chaîne avait tenté de faire croire que Joe Biden était en forme en le filmant en train de courir. Le média avait ainsi diffusé, dès fin 2018, une vidéo de l’ancien vice-président faisant quelques foulées en le comparant au président Trump présenté comme capable de seulement conduire sa voiturette de golf. Selon Chester, de telles décisions sont prises par Jeff Zucker, le président de la chaîne.
Le précédent du Russiagate: des aveux d’un producteur de CNN secrètement enregistrés
Ce n’est pas la première fois qu’un responsable de CNN fait de tels aveux en ignorant être filmé. En juin 2017 déjà, Project Veritas avait piégé le producteur John Bonifield admettant que sa chaîne ne croyait pas à l’histoire de la collusion entre Donald Trump et la Russie durant la campagne présidentielle. Affirmant savoir que les accusations contre le président étaient « essentiellement de la foutaise » (mostly bullshit), Bonifield avait déclaré n’avoir rien « vu de suffisamment pertinent prouvant que le président ait commis un crime ». Il avait ajouté avoir le sentiment que Trump était probablement fondé à se plaindre d’une chasse aux sorcières. La médiatisation des prétendues frasques sexuelles d’un Trump à Moscou, soumis au possible chantage des autorités russes, selon le rapport Steele totalement inventé au profit des démocrates, a notamment eu pour conséquence de limiter le rapprochement souhaité par le président entre Washington et Moscou puisqu’il devait éviter d’apparaître comme œuvrant en faveur des Russes.
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La commentatrice politique démocrate du site d’information The Hill Krystal Ball avait d’ailleurs épinglé les médias qui avaient fait leurs choux gras de cette histoire. Ball avait alors fulminé : « CNN et de nombreux autres médias ne sont clairement pas irréprochables dans cette machine à battage médiatique, tandis que le Parti démocrate s’est engagé avec bonheur dans ces spéculations. »
Dans un article intitulé « L’histoire secrète de la campagne fantôme qui a sauvé l’élection de 2020 », en date du 4 février, le magazine Time a longuement narré les manœuvres entre le Parti démocrate et certains républicains, les médias, le syndicats, les médias sociaux, les médias traditionnels ou des organisations telles que le Planning familial, pour convaincre le public de la fragilité du système « afin de s’assurer que la démocratie en Amérique perdure ». Comprenons, faire perdre Trump. L’histoire révélée par le Time est présentée comme un modèle de résistance à raconter fièrement, « même si elle ressemble à un rêve de paranoïaque – une cabale bien financée regroupant des personnes puissantes, de toutes les industries et idéologies, collaborant en coulisse afin de modifier les perceptions, les règles et les lois, orienter la couverture médiatique et contrôler le flux d’informations. Ils n’ont pas truqué l’élection, ils l’ont fortifiée. » Cette fierté d’avoir contribué à faire perdre Trump de cette manière est considérée comme légitime, au point que cela ressemblerait à un complot sans en être un puisqu’il s’agit du bon camp. Cela explique que Charlie Chester ait pu en parler en se prenant pour un héros.
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