Accueil Culture Notre ami Pierrot

Notre ami Pierrot

Le Pierrot silencieux de Watteau : une figure intemporelle entre comédie et contemplation


Notre ami Pierrot
Pierrot (anciennement intitulé Le Gilles), Antoine Watteau, 1718-1719 © Wikimedia

Le Pierrot, ou Gilles, de Watteau, a regagné les cimaises du Louvre après restauration. Les couleurs, en retrouvant leur éclat, redonnent corps à ce portrait mystérieux et rassurant. Dans le vacarme du monde, cet homme immobile nous regarde fixement, et, surtout, garde le silence.


Il est là, debout, les bras ballants, dans son costume de Pierrot, les paupières et le dessous du nez légèrement rougis. On le reconnaît à sa collerette, son habit blanc à boutons, son pantalon flottant et son bonnet-calotte sous son chapeau de feutre. Il est né Pedrolino dans la comédie italienne, francisé en Pierrot dans les années 1680. Personnage farcesque, à l’origine faire-valoir d’Arlequin, il a longtemps incarné la naïveté et la gaucherie avant de devenir, avec le temps, un amoureux sentimental et un poète rêveur. En 1719, date vers laquelle il a sans doute été peint par Antoine Watteau (1684-1721), il n’a pas encore entendu parler du célèbre mime Jean-Gaspard Deburau (1796-1846) qui recréera son personnage au xixe siècle. Il n’a pas vu l’acteur Jean-Louis Barrault (Baptiste) lui rendre hommage dans Les Enfants du Paradis (1945), n’a pas lu le très beau conte Pierrot ou Les Secrets de la nuit de Michel Tournier (1979) et n’a pas goûté les douceurs Pierrot Gourmand lancées en 1924 par le confiseur Georges Evrard.

Analyse d’un regard perdu

Dans le célèbre tableau de Watteau, œuvre au format inhabituellement monumental (184,5 x 149,5 cm) que le musée du


Article réservé aux abonnés
Pour lire la suite de cet article et accéder à l'intégralité de nos contenus
Formule numérique dès 3,80€
Déjà abonné(e)  ? Identifiez-vous

Janvier 2025 - #130

Article extrait du Magazine Causeur




Article précédent Délit de mélancolie
Article suivant La mémoire des victimes de la Shoah à Anderlecht: un enjeu délicat?
Georgia Ray est normalienne et professeur (sans -e).

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération