Dans Nos vies formidables, sorti le 6 mars au cinéma, Fabienne Godet met en scène la vie de pensionnaires d’un centre de désintoxication. Overdose de réalisme.
Non, elles ne sont évidemment pas formidables les vies des protagonistes de cette grosse fiction française en forme de reportage immergé dans un centre de désintoxication de diverses addictions. Il y avait hier des films de gladiateurs, il y a désormais des films de réunions de patients en détresse. Avec son lot de cris, de crises, de larmes, de crises de larmes et de larmes de crise. Mais aussi de sourires bienveillants et de paroles thérapeutes qui soignent, réparent, consolent.
Réalisme de plomb
Le processus est toujours le même : certains se sortiront du cycle infernal de la rechute, d’autres y sombreront corps et biens. Et l’héroïne (sans jeu de mot, s’il vous plaît) finira par découvrir que si elle se drogue, c’est qu’elle fut abusée. Et voilà comment, madame, monsieur, on adjoint aussi le film de victimes de la pédophilie à l’autre genre susnommé. Coup double et compassion assurée. Pas certain que le cinéma sorte grandi de cette vogue où tout se joue à coup d’histoires vraies et autres ateliers d’expression et de mises en situation réelle.
Du nécessaire et beau « mentir vrai », on passe insensiblement au triste « dire vrai », sous couvert de fausse fiction et au bénéfice d’un mensonge qui consiste à noyer l’artifice du cinéma sous la chape d’un réalisme de plomb. Chaque film devient alors comme le dossier en images d’un débat de société. Loin du cinéma et tout près du talk-show télévisuel.