Nos Batailles de Guillaume Senez est l’antithèse du film En Guerre de Stéphane Brizé. Pour le meilleur.
Sans que cela soit un propos délibéré, le film de Guillaume Senez vient heureusement se placer en contrepoint réussi du désastreux En guerre, de Stéphane Brizé.
À bien y réfléchir, tout ou presque oppose ces deux films qui ont pourtant en commun de vouloir prendre à bras le corps le climat social hexagonal avec ses fermetures d’usine, ses réductions d’effectifs sauvages et son « management » méprisant. Mais quand Brizé nous impose Vincent Lindon version « Christ aux outrages », entouré d’une foule d’acteurs non professionnels (c’est Jésus et le club théâtre local), Senez prend le parti de la fiction en confiant à un impeccable et sidérant Romain Duris le rôle de l’OS en colère dans son usine et en galère dans sa famille.
Là où Brizé ne recule devant aucune outrance pour s’assurer de son flanc gauche, Senez considère la réalité sous ses jours mélangés et ne fait pas de son film un banal tract syndical ou le couplet d’une chanson d’un Déroulède qui serait devenu marxiste. Chez le premier, on filme un suicide « en direct », sous le couvert facile du téléphone mobile, devenu la tarte à la crème et l’alibi parfait des faiseurs d’image qui ne… réfléchissent pas. Chez le second, on ne montre pas le suicide, on l’évoque, bref, on ne filme pas tout, tout le temps et n’importe comment. Nos batailles mêle avec bonheur le très intime et le très collectif. En ce sens, il fait œuvre utile, c’est aussi ce qu’on peut attendre d’un film dès lors qu’il traite ses spectateurs en adultes.
Nos batailles, Guillaume Senez, en salles depuis le 3 octobre.