C’est une « règle d’or » hexagonale: on déteste toujours celui qui est plus riche que soi.
Tout est une question d’argent, bien sûr ! Les Français n’aiment pas les riches, on le sait bien. Et au rythme des matchs de foot et des annonces de dividendes du CAC 40, cela se confirme jour après jour.
Le joueur qui marque mérite d’être milliardaire, parait-il. Alors, on se venge sur le patron qui, lui, faute de jouer à la baballe, joue pourtant gros en dirigeant sa boîte.
Pourquoi tant de haine ?
Pourquoi cette mauvaise réputation des chefs d’entreprise ? Et encore, j’emploie ici le terme « chef d’entreprise », quand celui de « patron » connoté négativement est plus fréquemment employé par la presse ou les syndicats. Le « patron » est l’ennemi déclaré ; ce mot charrie ses relents d’accusation implicite d’esclavagisme !
« Vous avez vu ce qu’il encaisse alors que j’ai du mal à finir le mois ? » Tout est dit. Et notre ignorance crasse en matière d’économie fait le reste et nous laisse mariner dans cette jalousie chronique : « pourquoi lui, et pas moi ? »
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Les pourfendeurs de l’inégalité le répètent sans arrêt : le patron ne serait pas riche sans ses salariés. Ce n’est pas faux. Il est inutile de s’étendre sur le talent de ceux qui créent, dirigent, inventent les produits ou services à succès, sur le labo qui trouve le vaccin miraculeux, la nouvelle marque qui cartonne, le restau étoilé qui régale, la voiture qui fait rêver, la haute joaillerie qui fait briller les jolies femmes, etc. Mais oui : le salaire des employés est souvent trop faible. Au passage, ces derniers ont été recrutés, et sont souvent contents de leur emploi. Mais qui voudra bien regarder ce qui empêche nos salariés d’empocher une somme nettement plus importante ? Qui voudra bien regarder ce qu’il y a derrière tout cela ?
L’argent qui coule à flots, ça ne coule pas de source !
D’abord, pour que 100€ de salaire supplémentaires arrivent jusqu’au portefeuille d’un salarié (célibataire) à plein temps au SMIC, son patron doit débourser… 483€. Relisez bien : 483 euros ! Et davantage encore pour un salarié payé légèrement plus que le SMIC. Cet écart est un record mondial. Alors, les prélèvements, on nous le répète, sont là pour notre bien. D’ailleurs, cela ne s’appelle plus des « charges » sociales, mais des « cotisations » sociales dorénavant ; c’est nettement plus sympa. Pour mieux faire passer la pilule, autant aussi « simplifier » la fiche de paye ! Mais attention : pas question de bâcler ce chef-d’œuvre administratif, la nouvelle loi est formelle et exigeante[1]. Préparez-vous quand même à jongler encore avec quelques mentions obligatoires : identité de l’employeur, rémunération brute, cotisations sociales et j’en passe. Sans oublier la petite nouveauté 2024 : le fameux montant net social. Et si jamais vous avez le malheur de découvrir une erreur dans ce petit bijou, pas de panique, vous avez trois ans pour contester; oui, trois belles années… Y a-t-il dans cette fausse simplification un objectif réel ? Si oui, alors lequel ? Si on détaillait mieux ce que vous avez payé tous les mois depuis des années pour votre retraite, vous seriez révolté !
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Quant aux « patrons » et leur argent forcément indécent, il faut quand même admettre que s’ils étaient moins pleins aux as, on serait certes moins outrés, mais certainement pas plus riches. Le fameux « y’a qu’à prendre l’argent là où il est » des incultes non seulement de la syntaxe, mais aussi des fonctionnements de l’économie, est d’une affligeante bêtise qui continue de faire ses ravages.
Mais quel réconfort d’imaginer aller piquer le pognon des nantis ! Rappelons qu’une fois qu’on le leur aura piqué, ils iront le gagner ailleurs et sans espoir de retour, laissant sur le pavé ceux qui, avec un sentiment de justice rendue, iront réfléchir à Pôle Emploi – pardon ! France Travail.
Détester les riches, c’est pauvre
Le problème est aussi que les nouveaux Robespierre trouveront toujours un plus riche que soi. Et pourtant : qui a donné l’exemple et l’élan des dons pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris, il y a cinq ans, en donnant 300 millions d’euros ? Bernard Arnault, PDG de LVMH, et François Pinault, patron de Kering ! On s’est empressé, en guise de remerciement, de les accuser de faire cela pour défiscaliser. Lamentable !
Qui offre 100 actions à chacun de ses employés (ayant au moins cinq ans d’ancienneté) à l’occasion des 100 ans du groupe ? Patrick Pouyanné, le PDG de Total Energies, l’ennemi public numéro 1.
Mais on nous dit que tous ces gestes altruistes ne sont là que pour se disculper de gagner autant… que c’est parce qu’ils ont tellement d’argent qu’ils en ont honte… que ce n’est rien par rapport aux bénéfices… etc.
On ne compte plus non plus le nombre de chefs d’entreprise qui créent des fondations destinées à soutenir des projets formidables, dans tous les domaines, en France et à l’international, et pour des millions d’euros par an. J’en compte pour vous une petite partie : Sisley (le handicap mental) CMA-CGM (l’aide humanitaire et l’éducation), LVMH (l’art et la culture), L’Oréal (aux côtés des femmes), Hermès (la biodiversité et les écosystèmes)… Mais rien à faire : nous restons dans un engrenage de jalousies assaisonnées de revendications et de menaces. Le climat du pays s’en ressent dangereusement, on en vient à souhaiter un dictateur… libéral !
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[1] https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/france/simplification-de-la-fiche-de-paie-ce-qui-va-changer-pour-les-salaries-et-les-entreprises_AN-202404270139.html
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