Accueil Édition Abonné Non, le gouvernement n’a pas fiché les élèves musulmans pendant l’Aïd!

Non, le gouvernement n’a pas fiché les élèves musulmans pendant l’Aïd!

La gauche voudrait nous empêcher de voir l’islamisation de la société


Non, le gouvernement n’a pas fiché les élèves musulmans pendant l’Aïd!
La Secrétaire d'État à la citoyenneté, Sonia Backès (image d'archive), a dû répondre aux attaques infamantes de la gauche accusant le gouvernement d'avoir fiché les élèves musulmans. © Arnaud Andrieu/SIPA

Le ministère de l’Intérieur ayant demandé aux écoles de Toulouse de chiffrer le nombre d’élèves absents le jour de l’Aïd, en augmentation, les islamo-gauchistes exploitent et dénoncent un fichage religieux et « islamophobe » des élèves. Pourtant, un recensement visant à évaluer l’absentéisme n’a rien à voir avec un fichage. Les associations de gauche, SOS Racisme et Ligue des Droits de l’Homme, les partis LFI et EELV, vent debout contre les Secrétaires d’État Sarah El Haïry et Sonia Backès et le ministère de l’Intérieur, font la courte échelle aux islamistes dont ils reprennent le discours victimaire. Analyse.


Heureusement que le ridicule ne tue pas sinon la fausse affaire du « fichage des élèves musulmans » le jour de l’Aïd aurait abouti à une hécatombe chez certains enseignants, de nombreux politiques et chez les journalistes militants. L’histoire est assez simple. Le ministère de l’Intérieur a demandé aux établissements scolaires de transmettre le taux d’absentéisme des élèves le jour de l’Aïd. Le but était sans doute de voir si ce type d’absence, par ailleurs dûment autorisée, touchait énormément de monde ou non et de voir si cet absentéisme diminuait, était stable ou augmentait. Mais pour une certaine gauche, qui ne vit que de dénonciation de stigmatisations souvent imaginaires, a épousé le discours victimaire des islamistes et diffuse leurs éléments de langage, cette demande équivalait à un « fichage » des élèves musulmans visiblement préalable dans leurs représentations au « retour des heures les plus sombres de notre histoire ».

Être attaché à la tradition de l’Aïd n’a rien de radical ou de stigmatisant

Or on a un peu de mal à voir en quoi cette demande est violente, brutale et stigmatisante. S’il s’agit de s’interroger sur le fait qu’une communauté est, en nombre significatif, en rupture avec la civilité d’un pays, les principes, idéaux et lois qui fondent sa culture et son contrat social, on ne voit guère ce que cette information peut apporter. En effet, l’Aïd n’est pas seulement une fête religieuse, c’est une fête familiale et conviviale, l’équivalent de Noël sous nos latitudes. Si dans un pays non-chrétien, il était autorisé de déroger à l’obligation scolaire pour fêter Noël et si ce pays accueillait un grand nombre de chrétiens de culture ou de confession, il est probable que cette autorisation serait utilisée par un nombre élevé de personnes. On ne peut donc tirer aucune conclusion stigmatisante du fait que nombre de familles musulmanes aient choisi de ne pas mettre leurs enfants à l’école ce jour-là. On en déduira simplement un attachement à des traditions qui sont loin de signifier un acquiescement à une forme de radicalité.

A lire aussi: Idéologie trans et effondrement de l’école: Pap Ndiaye, premier de la classe

Par ailleurs, nul besoin de cette information pour mesurer l’influence importante des islamistes sur la communauté musulmane, la pénétration de leurs idées au sein de la jeunesse et les conséquences que cela induit sur les revendications de séparatisme. Tout cela est parfaitement renseigné. Dès 2016, l’institut Montaigne dans une étude montrait que 28% des musulmans étaient sous influence radicale (cela était particulièrement vrai chez les jeunes) et que 25%, qualifiés de « conservateurs », étaient très attachés à la charia. Cela faisait plus de 50% d’une communauté qui avait du mal à adhérer aux principes fondant notre contrat social. Cette étude a été complétée par une enquête auprès des jeunes lycéens d’Anne Muxel et Olivier Galland sur la tentation radicale, en 2018. Celle-ci montrait notamment un clivage important entre jeunes musulmans et non musulmans. Les premiers, à 70%, ne condamnaient pas les auteurs des attentats contre Charlie et l’hypercasher, quand les seconds les condamnaient massivement. Les sociologues analysaient ces écart en évoquant la prépondérance d’un effet islam. Les chiffres n’ont cessé de s’accumuler depuis lors et vont toujours dans le même sens, montrant un décrochage dans les références, les représentations et la vision du monde entre musulmans et non musulmans (sondage IFOP sur la pratique religieuse réalisés pour la Fondation Jean-Jaurès en 2019, pour le Comité Laïcité République en 2020 ou pour la Licra en 2021). Dans le sondage du CLR par exemple, 57% des jeunes musulmans considèrent la charia plus importante que les lois de la République (une augmentation de 10 points depuis 2016). Ils sont également 66% à s’opposer au droit des enseignants de montrer des caricatures ; chez les non-musulmans, ils sont 75% à soutenir au contraire cette possibilité. Les chiffres sont similaires sur la question du voile, donc à travers lui parlent de l’acceptation de l’égalité homme/femme. Il y a là un décrochage massif d’une population. Décrochage qui s’explique par l’influence de l’islam politique et par le travail de réislamisation qu’il effectue sur notre territoire. Il n’y a donc nul besoin d’information sur l’absentéisme au moment de l’Aïd pour constater qu’une part significative et de plus en plus importante de la communauté musulmane refuse les principes qui fondent les lois et la culture française. Force est de constater que si les chiffres sont à la fois signifiants, récurrents et en augmentation, le dire est toujours aussi risqué. Il faut donc parler « d’infime minorité » concernant cette dérive, même si les enquêtes montrent qu’il s’agit au contraire d’une majorité chez les plus jeunes. En tout cas on ne voit guère ce que les chiffres de l’absentéisme scolaire lors de l’Aïd permettent d’ajouter à ce constat. La gauche instrumentalise une nouvelle fois un non-évènement pour mettre en accusation le gouvernement, lancer des accusations en fascisme rampant et se draper dans une fausse vertu qui lui permet de se poser en distributeur de leçons universelles. Sans doute histoire de faire oublier qu’elle soigne une clientèle musulmane sous influence islamiste en laissant volontairement de côté ceux des musulmans qui aspirent à un rapport sécularisé à la religion et qui combattent une radicalité dont ils ont souffert parfois dans leur pays d’origine. Mais les républicains et les démocrates pourtant présents dans une partie de cette immigration, ancienne ou récente, ne les intéressent pas. Pour eux l’authentique musulmane ne saurait être que voilée et ils confondent sciemment musulmans et islamistes au profit des derniers.

Narratif de persécution

L’indignation des satellites de la gauche en perdition, SOS Racisme, la Ligue des Droits de l’Homme plonge également ses racines dans la volonté d’imposer un narratif de persécution des musulmans dans le débat public. Il faut dire que ces associations sont victimes d’entrisme et ont depuis longtemps délaissés leurs idéaux et leur histoire pour se faire les petits télégraphistes de la propagande islamo-gauchiste. Sarah El Haïry a donc eu raison de dénoncer l’instrumentalisation d’une fausse polémique et de pointer du doigt la mauvaise foi de ces associations. La réponse ne s’est faite pas fait attendre. Le tweet de Raquel Garrido est à ce titre exemplaire du déni de réalité et de la posture d’autorité visant non à chercher la vérité, mais à museler le débat: « S’en prendre à la Ligue des Droits de l’Homme, c’est s’en prendre aux droits de l’homme. S’en prendre à SOS Racisme, c’est s’en prendre à l’antiracisme ». Fermez le ban. Sauf que la dérive de ces associations est de plus en plus visible et qu’elles sont les premières à déshonorer leurs combats et à capitaliser sur une réputation qu’elles piétinent allégrement. Ces associations ne méritent plus le respect tant leur présent abolit leur passé, et encore moins des subventions publiques. Les excès et la bêtise du tweet de la députée LFI illustrent l’esprit totalitaire qui imprègne de plus en plus une partie de la gauche qui voudrait soumettre le réel à l’idéologie. S’il suffit d’afficher une cause juste alors qu’on la trahit dans ses combats réels pour devenir inattaquable, alors le totalitarisme a de beaux jours devant lui.

Le fait que cette affaire ait été montée en épingle parle plus de la dérive d’une certaine gauche que de celle du gouvernement. Refuser de le regarder en face participe à notre malheur collectif et empêche la reconstruction d’une force de gauche sociale, laïque et républicaine. Quant à la gauche autoritaire alliée des islamistes ? À défaut de convaincre l’électorat, elle exploite jusqu’au bout sa capacité de nuisance.

La tentation radicale. Enquête auprès des lycéens

Price: 23,00 €

23 used & new available from 7,54 €

Silence coupable

Price: 22,70 €

25 used & new available from 3,99 €




Article précédent Michel Houellebecq a changé
Article suivant Le fantasme fasciste
Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération