Je ne suis pas Julio Iglesias pour chanter ce titre comme il conviendrait.
Il n’est pas offensant pour le président de la République de s’interroger sur son autorité et d’en faire « une question » qui dépasse très largement le plan psychologique pour relever d’une problématique politique (Libération).
Je comprends bien comme François Hollande immédiatement, répugnant à l’exacerbation tous azimuts du quinquennat précédent, a cherché, autant que possible, à remplacer l’injonction et l’agitation par un comportement contrôlé, maîtrisé et de confiance. À substituer au fait de se mêler de tout et de donner au moins l’impression de la fermeté – en profondeur, il y avait beaucoup de faiblesse – une attitude présidentielle décrispée, moins impérieuse. À refuser l’autoritarisme au bénéfice de l’autorité.
Il est clair que cette volonté a manqué ses effets et que le gouvernement semble, malgré les avertissements ou à cause d’eux laissés sans suite, négliger la ligne présidentielle. On ne compte plus les antagonismes publics entre ministres et on ne saurait prétendre qu’ils relèveraient d’un débat normal et nécessaire. Le dernier en date entre Manuel Valls et Cécile Duflot aurait imposé une réaction vigoureuse que la demande de sang-froid par le Premier ministre n’a pas constituée à elle seule.
Pour vouloir faire échapper la société française au traumatisme de cinq ans de sarkozysme, François Hollande en crée un autre qui à rebours résulte du sentiment partagé d’un pouvoir dépassé par les querelles et incapable d’y mettre fin. François Rebsamen est sans doute le plus lucide quand il explique ce qui est perçu par beaucoup comme un déficit par cette hantise : « François Hollande ne sera pas l’homme des positions tranchées qui blessent et qui, par définition, excluent ». La loi sur le mariage pour tous a tout de même manifesté chez lui une obsession de rassemblement qui avait ses limites !
Le président de la République se doit rapidement de trouver une solution à ces conflits intestins soit en tirant les conséquences d’une solidarité mise à mal soit en n’accomplissant rien de brutal ni de décisif mais en tentant de laisser croire à un dessein. Le pire est le constat d’aujourd’hui : un président chahuté et muet sur la discipline collective. L’opportunisme et la tolérance tactiques sont poussés si loin que l’unité en est affectée. Et l’image de la France au travers de son équipe dirigeante. On peut ne pas adhérer à la politique mise en oeuvre et s’émouvoir cependant de cette perte de crédibilité en quelque sorte nationale et internationale.
Quand le président est parti, les ministres dansent.
Le comble – et l’ironie – tient à ce que de l’autre côté Nicolas Sarkozy, critiquant Jean-François Copé et François Fillon, plus certain que jamais d’être attendu, espéré par les Français – et pas seulement par l’UMP – comme le de Gaulle au petit pied, n’a pas changé d’un pouce son caractère ni modifié son tempérament ni aboli son narcissisme ni pris conscience de ses responsabilités quasi exclusives dans l’échec de la droite. Il a fait payer l’UMP, méprise toujours autant autour de lui, ose prétendre qu’il ne s’occupe que de la France quand, plus que les autres, ses rivaux de demain, il cultive sa stratégie personnelle (Le Monde).
A trois reprises au moins, Nicolas Sarkozy au cours de son quinquennat nous a déclaré qu’il avait changé. Force est de constater, depuis qu’il a été désavoué, qu’il est encore plus caricatural que lors de l’exercice du pouvoir et que s’il restait un infime espoir sur sa possible métamorphose, il est pulvérisé. Il se révèle encore moins homme d’Etat aujourd’hui qu’il ne l’était hier. Dans l’absence que dans la surabondance.
François Hollande commettrait, commet une grave erreur en s’imaginant qu’après le quinquennat et en successeur de Nicolas Sarkozy, il est impossible, pour lui d’inventer et de développer ce qui après tout ne serait que l’expression d’une normalité présidentielle.
Un président, pas un Matamore. De l’autorité, pas du laissez-faire et laissez-dire dans le désordre. Beaucoup d’intelligence mais de la détermination, même pour la politique nationale.
C’est donner trop d’importance, encore aujourd’hui, à Nicolas Sarkozy que d’en faire un repoussoir.
*Photo : Sipa.
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