Accueil Monde «Non à la République islamique»: le hashtag qui devient viral en Iran

«Non à la République islamique»: le hashtag qui devient viral en Iran



Le prince Reza Pahlavi lui-même l’a utilisé, espérant que son peuple se révolte contre les mollahs


C’est un hashtag qui n’a rien de nouveau sur les réseaux sociaux. Mais depuis que le prince Reza Pahlavi l’a affiché publiquement sur ses propres comptes, le slogan « Non à la République islamique » a connu un véritable essor inattendu sur Instagram, Twitter et Telegram. 

En Iran, on vote le 18 juin

De nombreux dissidents iraniens n’ont pas hésité à se mettre en scène, publiant des vidéos où on peut les voir arborant des pancartes #N2IR, en farsi ou en anglais, marquant leur rejet du régime de Téhéran. Cette République des mollahs qui préparent la prochaine élection présidentielle, prévue le 18 juin de cette année. 

A lire aussi: Attentat déjoué à Villepinte: la justice pointe du doigt le régime iranien

Depuis la chute de la monarchie en 1979, le prince Reza Pahlavi est devenu une des voix officielles de l’opposition aux ayatollahs qui dirigent l’Iran. Suivi par près de deux millions de personnes, tous réseaux sociaux cumulés, le prétendant au trône du Paon espère que cet appel à la désobéissance civile va faire naître « un mouvement national et inclusif ». « Cette campagne reflète le désir le plus fondamental du peuple iranien: la liberté. Notre nation dit d’une seule voix qu’elle n’accepte plus la république islamique » a expliqué le prince Pahlavi dans une courte vidéo rendue publique le 15 mars. Le nom de sa famille est même devenu un symbole de ralliement, scandé à de nombreuses reprises au plus fort de manifestations anti-gouvernementales qui ont éclatées entre 2017 et 2019 suite à l’augmentation des produits de base essentiels à la vie des iraniens. Une campagne qui « transcende tout parti politique ou affiliation » renchérit le prince impérial qui entend laisser le choix aux Iraniens du futur de leurs institutions, une fois le régime islamique abrogé. Une déclaration également à l’encontre de ses détracteurs frileux à l’idée de travailler avec l’héritier d’un état monarchique qu’ils estiment avoir été tout aussi répressif que celui des ayatollahs actuellement. Un régime obsédé, quant à lui, par les Pahlavis qu’il croit voir à la tête de tous les complots possibles et inimaginables et qui accuse cette dynastie d’être financée par l’Arabie Saoudite et Israël. 

640 signataires

Face à une Europe très timide vis-à-vis des mollahs, le prince se retrouve pourtant bien seul. Dans une interview accordée au magazine Newsweek en février, le prince Reza a affirmé, très irrité, que le président américain Joe Biden  avait cédé à un  « chantage » en annonçant le retour des Etats-Unis au sein de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, pourtant abandonné par la précédente administration qui avait imposé alors de lourdes sanctions au paysSi la campagne exige la suppression du régime théocratique, qui, selon ses militants, est « le principal obstacle à la réalisation de la liberté, de la prospérité et de la démocratie » dans l’ancienne Perse, il est peu probable qu’elle menace directement Téhéran. L’opposition iranienne exhorte habituellement les Iraniens à boycotter toutes les élections, arguant qu’elles n’apportent pas de changement et ne servent qu’à légitimer le régime en place qui contrôle même les résultats des sondages. Une assertion en partie due au processus de sélection des candidats en Iran uniquement approuvés par le régime, condition indispensable pour pouvoir se présenter aux élections. 

A lire aussi: Un fou d’Allah peut en cacher un autre

Parmi les 640 signataires à l’origine de la campagne, on retrouve  des noms prestigieux comme le cinéaste Mohammad Nourizad, qui a autrefois réalisé des films de propagande islamique mais est depuis passé dans la dissidence après des années de prison en raison de ses critiques acerbes contre le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei. Egalement la militante des droits des femmes Shahla Entesari, le syndicaliste-enseignant Javad Lal Mohammadi, le compositeur Esfandiar Monfaredzade ou encore des militants pro-démocratie comme Abbas Vahedian et Zartosht Ahmadi Ragheb. 



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Réunions interdites aux Blancs: notre civilisation en burn-out
Article suivant La mauvaise blague d’Audrey Pulvar
Journaliste , conférencier et historien.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération