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Non à l’impôt catalytique


Non à l’impôt catalytique


Heureusement que Michel Rocard ne pratique pas le jogging, car son hyperactivité – ambassadeur polaire, commissaire à la taxe carbone et au grand emprunt national, en sus des innombrables colloques, congrès et symposiums auxquels cet octogénaire se fait un devoir de participer – n’a rien à envier à celle du président de la République.

L’ancien Premier ministre s’est remis dans les habits de l’inspecteur des Finances qu’il fut avant d’entrer en politique pour plancher sur l’élaboration de cette fameuse taxe carbone qui fait partie du « paquet » adopté par le Grenelle de l’écologie.

Le principe en est simple et repose sur la fameuse formule du pollueur-payeur.

L’utilisateur de combustibles fossiles – essence, diesel, gaz naturel, charbon – serait taxé en fonction des émissions de CO2 produites au cours de ses déplacements et pour le chauffage de son habitation. Des formules mathématiques complexes (au moins pour l’auteur de ces lignes) ont été mises au point pour évaluer le CO2 rejeté dans l’atmosphère par ces divers combustibles.

Voilà qui est bel et bon, écologiquement vertueux et politiquement correct dans un contexte où le rabâchage apocalyptique environnemental est électoralement payant.

On négligera, bien sûr, de faire valoir que la ponction opérée sur le budget des ménages d’un pays qui représente moins de 1% de la population mondiale et guère plus en pourcentage de C02 émis réduira en proportion les gaz à effet de serre dans l’atmosphère. De faire remarquer que notre cheptel de bovidés roteur et péteur pourra continuer de propulser sans bourse paysanne délier son méthane dans l’éther, dans des quantités qui n’on rien à envier, paraît-il à celles de notre parc automobile…

Cohn-Bendit a tranché : cette taxe est ré-vo-lu-ti-on-aire et c’est un expert qui vous parle. Sarko est, de surcroît, prié par Dany de ne pas reculer sous peine de passer pour une lavette.

Dans l’espace rural que je fréquente assidument, puisque j’y demeure, cette actualité fiscale a provoqué un enthousiasme, disons, modéré. Le climat rude de nos montagnes est facteur d’utilisation intense de combustible pendant l’hiver, et le manque de transport en commun impose l’utilisation de l’automobile en toute circonstances : aller à son boulot, faire ses courses, se cultiver, faire du sport.

Il n’est pas question, pour l’instant, d’une mise en place simultanée de la taxe et de solutions alternatives efficaces pour compenser les effets de la taxe carbone sur les revenus des ménages, comme des transports en commun performants et attractifs.

Dans ces espaces, seuls les inactifs aisés dans mon genre auront les moyens d’échapper à un impôt qui frappera de plein fouet les ménages modestes, astreints à des déplacements parfois longs pour leur travail et logeant dans des immeubles construits à une époque où l’on se fichait des économies d’énergies comme du prix du baril…

On veut me taxer le diesel de ma bagnole ? M’en fous, vais changer pour une hybride japonaise à 25 000 euros. On me pique du blé chaque fois que j’ouvre le gaz pour me chauffer ou faire mijoter des petits plats ? Rien à cirer, je vais installer une chaudière à bois, où brûleront des bûches de mes forêts ou de celle de mon voisin achetées sans factures et ni taxes.

Dans le registre ubuesque qui accompagne cette agitation autour de la taxe carbone, l’idée d’un « chèque vert » remboursable sous conditions de revenus et de conditions de vie est une nouvelle preuve des insanités qui peuvent émerger de cerveaux pourtant réputés bien faits, comme ceux des inspecteurs des Finances. On vous pique du blé, puis on vous le rend, non sans avoir, au passage créé une nouvelle bureaucratie chargée de collecter, et une autre chargée de redistribuer le montant de cette nouvelle taxe. Et si on commençait par ne pas la prélever sur ceux qui en seraient remboursés, ça serait trop simple ?

Il n’est pas besoin d’être un fin stratège politique pour sentir que cette taxe recèle un potentiel politiquement explosif, dont Cohn-Bendit à des raisons de se réjouir, pour autant qu’il ne paiera pas les pots (d’échappement) cassés. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement et du président dont on observera avec une attention gourmande la manière dont ils vont se sortir du piège vert.

Août 2009 · N°14

Article extrait du Magazine Causeur



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