Au lieu de déconstruire un classique de notre enfance, il aurait mieux fallu pour Disney ne rien faire.
Après les tumultes provoqués par le choix d’une actrice afro-américaine pour jouer le rôle-titre de La Petite Sirène, Disney persiste à « déconstruire » les contes traditionnels. Témoin, le remake en prises de vues réelles du dessin animé de 1937, Blanche-Neige et les sept nains, qui sortira en mars 2024. La princesse déchue à « la peau plus blanche que la neige » sera jouée par l’actrice américaine « latina », Rachel Zegler, qui met en avant ses racines colombiennes, bien que son père soit d’ascendance polonaise. Interviewée au mois d’août, elle accable la version consacrée de l’histoire signée par les frères Grimm, assimilant le prince à un harceleur –« un mec qui traque littéralement » la princesse. Elle escamote l’idée que le conte puisse parler de l’éveil à la sexualité d’une jeune fille, Blanche-Neige devenant dans la nouvelle version « une femme moderne » dont le destin n’est pas d’« attendre un homme », mais de devenir « un leader ».
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Autrement dit, il s’agit d’une énième et très prévisible apologie de la « girlboss », la figure de la femme transformée en manager à l’égal d’un homme. Mais en plus d’être amputée de son identité par ce scénario désenchanté́ co-écrit par Greta Gerwin, la réalisatrice du film Barbie, Blanche-Neige perd ses petits camarades. En effet, les sept nains disparaissent (même du titre du film) au profit d’étranges « créatures magiques ». Parmi les sept, un seul est incarné par un comédien de petite taille. Cinq ont la peau blanche et deux ont la peau noire, et l’une est une femme. Une précaution « pour ne pas renforcer les stéréotypes du film d’animation orignal », selon un porte-parole de Disney. La firme prétend avoir consulté des membres de la « communauté des nains », mais sa décision a été critiquée dans la mesure où elle prive des acteurs nains de rôles qu’ils sont seuls capables de jouer. Disney devrait méditer l’échec de La Petite Sirène cette année : à force de vouloir plaire à toutes les minorités, on finit par ne plaire à personne.