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Nihilisme pratique

Des étudiants américains apprennent à ne rien faire.


Nihilisme pratique
Constance Kassor / Capture d'écran YouTube d'une vidéo de la chaine International Buddhist Academy IBA du 07/12/2020

Vous êtes un étudiant vaillant et travailleur ? Halte-là ! Prenez des cours de paresse à l’université.


Quel est le cours le plus sollicité cette année par les étudiants de l’université Lawrence à Appleton, dans l’État du Wisconsin ? Réponse : un cours pour apprendre à « ne rien faire » (« doing nothing »), proposé par une professeure associée de la faculté d’études religieuses, Constance Kassor, spécialiste du bouddhisme. Il s’agit d’une option, mais cette classe permet aux étudiants d’obtenir des crédits supplémentaires afin de valider leur année. Constatant l’effroyable surcharge mentale à laquelle sont confrontés les étudiants modernes et consuméristes, se ruant avec voracité vers tout ce qui s’apparente à du temps gaspillé, l’enseignante-chercheuse a jugé impérieux de réapprendre à ces jeunes désenchantés les bienfaits de l’ennui, de la méditation, du sommeil et de la déconnexion. Dans un monde d’occupation cérébrale permanente, où d’innombrables jeunes gens assassinent les secondes qui défilent sur leur smartphone, au grand dam de leurs pouces fébriles, il s’agit de réaffecter un bon usage au temps que l’on estime perdu. Cet enseignement, devenu le plus prisé du campus, présente trois exigences : arriver à l’heure, participer et ne pas avoir son téléphone, des impératifs qui, dans une société en bonne santé, seraient seulement de banals prérequis. Interviewée par Time Magazine, Mme Kassor estime que l’éducation universitaire est trop orientée vers la formation de futurs travailleurs productifs et rappelle que « dormir suffisamment, bouger son corps et s’ennuyer peuvent largement améliorer notre qualité de vie ». Il semblerait qu’ aujourd’hui, on ait besoin d’une « discipline » universitaire pour enseigner ces « compétences ». Ou est-ce encore une façon de faire preuve d’indulgence à l’égard d’une génération élevée par leurs parents à croire que tout doit être facile dans la vie ? Si on se demande par quel type d’épreuve finale la prestation de chaque étudiant est évaluée, la réponse est simple : il n’y en a pas.

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