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Nicolas Dupont-Aignan assure qu’il n’est pas isolé

Des cadres de DLF se tournent vers Marine Le Pen


Nicolas Dupont-Aignan assure qu’il n’est pas isolé
Nicolas Dupont-Aignan à l'Assemblée Nationale, le 9 juin 2020 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA Numéro de reportage :00966476_000097

Le président de Debout La France doit faire face à des défections en série au sein de son mouvement. On lui reproche ses tentatives de rapprochement des Républicains dans la perspective des régionales. Depuis le Brésil où il vient de rencontrer le président Bolsonaro, il nous répond et se veut rassurant.


Nicolas Dupont-Aignan bientôt dernier adhérent de Debout La France ? Ces derniers jours pourraient le laisser penser. Le Figaro a révélé que le parti ne compterait plus que 3 000 adhérents au dernier conseil national du mouvement, samedi 14 novembre, contre près de 12 000 l’année précédant les Européennes! Et ce sont désormais des cadres qui quittent le navire.

Une cinquantaine d’entre eux auraient décidé de faire leurs adieux afin de former un collectif satellite du… Rassemblement national. Ils sont emmenés par Jean-Philippe Tanguy, ancien porte-parole et numéro deux du parti. Lequel, trop content, a expliqué les raisons de son départ au Figaro: « Nicolas Dupont-Aignan mène Debout la France dans une impasse […] il a refusé les mains tendues par Marine Le Pen depuis 2017, tout en refusant d’aider la droite aux municipales pour faire barrage à la gauche et aux Verts. » Nicolas Dupont-Aignan réplique et dénonce de son côté un « sabotage organisé, instrumentalisé et minoritaire. » Interrogé par Causeur (voir plus bas), il ne recense « que » 22 départs.

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En 2017, Nicolas Dupont-Aignan s’était rallié à Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle. Les démissionnaires veulent aujourd’hui s’allier avec la droite nationale dans une stratégie d’alliance similaire, dès le premier tour des régionales. Le président de Debout la France semble avoir quant à lui changé son fusil d’épaule, avec qui sait pour idée en tête une opération séduction de LR, sa très ancienne famille politique. Depuis plusieurs mois, le souverainiste se garde bien de toute critique à l’égard des membres de LR. Et il se rapproche même de possibles présidentiables. Début novembre, il a pu discuter avec Bruno Retailleau, avant de s’entretenir, le 9 novembre, avec le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. Dans une note de Debout la France rédigée par la direction locale du mouvement dans les Pays de la Loire que s’est procurée Le Figaro, l’entente avec LR était même explicitement évoquée, à l’inverse d’une alliance avec le RN: « Il est exclu pour nous d’envisager les mêmes scénarios (d’alliances) avec le RN. » D’après Le Figaro, plusieurs têtes de liste départementales DLF auraient finalement leur place sur les listes LR. Une partie de l’appareil de DLF n’a visiblement pas gouté cette stratégie. « Quelle crédibilité aurait une « union des patriotes » avec quelques cadres LR qui ont soutenu Emmanuel Macron juste après la défaite de François Fillon mais qui exclut la principale force d’opposition qu’est le RN ? », s’interrogeait ainsi Jean-Philippe Tanguy. La vérité est peut-être ailleurs. « La seule chose qui compte pour [Nicolas Dupont-Aignan] c’est de sauver sa circonscription », explique à l’AFP l’ancien militant Maxime Thiébaut, qui a quitté Debout La France dès 2017 après les législatives.

Trois questions à Nicolas Dupont-Aignan

Brasília, 9 décembre HANDOUT / BRAZILIAN PRESIDENCY / AFP
Brasília, 9 décembre HANDOUT / BRAZILIAN PRESIDENCY / AFP

Nicolas Dupont-Aignan, depuis le Brésil où il a déjeuné avec le ministre des Affaires étrangères et a rencontré le président Jair Bolsonaro, répond à Causeur quant à la crise que traverse son mouvement politique. Le député de l’Essonne minimise et assure que tout ceci n’est qu’une “tempête dans un verre d’eau”. Propos recueillis par Martin Pimentel.

Causeur. Quelles sont vos relations avec Marine Le Pen à l’heure actuelle ?

Nicolas Dupont-Aignan. Si heureusement on se parle quand on se croise à l’Assemblée, j’ai le sentiment qu’elle a mal pris ma candidature à la présidentielle.  Je suis pourtant le seul homme politique à l’avoir soutenue au second tour, même après le fiasco du débat. Elle a une fâcheuse tendance à écarter tous ceux qui peuvent l’aider: Marion Maréchal, Florian Philippot ou encore Jean Messiha récemment.

Au mois de janvier dernier, je lui avais proposé d’organiser une primaire ouverte – avec différentes personnalités telles qu’Éric Zemmour, Philippe de Villiers, Florian Philippot ou Bruno Retailleau pourquoi pas  – afin que nos électeurs puissent choisir le meilleur candidat pour battre Emmanuel Macron. Marine Le Pen a refusé cette primaire. Je considère désormais que Marine Le Pen est le meilleur atout d’Emmanuel Macron. Marine Le Pen ne peut pas être la candidate du camp national, et jamais l’idée de la primaire n’a été aussi adaptée à la situation politique. J’aurais évidemment quelques atouts dans cette primaire que j’appelle de mes vœux: je suis aussi populaire chez Les Républicains qu’au RN (respectivement 40% et 43%), tandis que Xavier Bertrand est très populaire à LR mais peu au Rassemblement national et que Marine Le Pen, très populaire dans l’électorat du Rassemblement national, ne l’est franchement pas dans celui de LR.

Votre porte-parole Jean-Philippe Tanguy a quitté votre mouvement Debout La France et affirme avoir emmené avec lui 50 cadres. Il invoque des désaccords stratégiques avec vous. Que s’est-il passé, et que répondez-vous à ceux qui vous accusent de draguer la droite classique (LR) pour conserver des mandats locaux? 

C’est comique ! Ces petites manœuvres du RN ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Si je tenais tant à mes mandats locaux, je n’aurais pas appelé à voter pour Marine Le Pen en 2017, ce qui a provoqué un tourbillon médiatique.

Toute cette histoire est grotesque: j’ai effectivement reçu 22 démissions sur 800 cadres. Ces transfuges cuisent leur petite soupe sur leur petit feu. C’est difficilement compréhensible pour moi, dans la mesure où nous avons eu deux conseils nationaux – le 7 juillet et le 25 septembre – et que ces quelques personnes qui se vendent au RN aujourd’hui ont alors approuvé ma candidature et le principe d’une liste indépendante aux régionales. Aucune motion n’a d’ailleurs été votée lors de ces rassemblements…

C’est bien leur droit de partir, mais en revanche le parti a une ligne, et n’en déviera pas. La presse bourgeoise et l’oligarchie médiatique adorent Marine Le Pen, qui représente la garantie d’Emmanuel Macron ! Toute personne qui propose autre chose devient un réel danger. Or, 80% des Français ne veulent pas de ce duel. Ce n’est pas parce que quelques personnes sont mécontentes au sein de Debout La France que je vais changer de ligne.

Voterez-vous le projet de loi contre le séparatisme ?

Je le voterai… ou je m’abstiendrai. C’est un petit plus, mais c’est loin d’être à la hauteur de la menace.

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Martin Pimentel est rédacteur en chef du site Causeur et Alexandre Bertolini est étudiant en école de journalisme

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