N’essayez surtout pas de téléphoner à un de vos amis entre 8h45 et 8h55, il y a de fortes chances qu’il soit, comme moi en train d’écouter religieusement la « Revue de Presque » de Nicolas Canteloup sur Europe1. Religieusement, c’est bien sûr là une façon de parler, parce qu’on rigole beaucoup plus qu’à l’église, la mosquée ou la syna.
Si les experts de l’Insee étaient plus affutés, il attribueraient à Canteloup au moins un point de croissance à lui tout seul, en partant du principe qu’un salarié qui arrive de bonne humeur au boulot est bien plus productif qu’un collègue maussade -quitte à lui retirer un demi-point négatif de PIB à cause des centaines de milliers d’auditeurs qui arrivent en retard au boulot et mettent ça sur le dos des embouteillages, des enfants malades ou des grévistes RATP.
Il va de soi que le phénomène d’accoutumance de masse s’est encore aggravé depuis une semaine avec le feuilleton judiciaire de Dominique Strauss-Kahn. Le faux coup de fil quotidien du faux DSK est le climax de la Revue de presque, notamment grâce aux allusions salaces et répétées à John Smith, son pseudo codétenu de Rikers Island, dont Dominique, une fois acquitté et élu président, affirme vouloir faire «la première dame de France».
Tout le reste est à l’avenant, hélas, il y a un hic, qui n’est dû ni à Gérard Schivardi, ni à Jean-Louis Borloo, ni à Laurent Cabrol (le trio récurrent de prétendus pochards de l’émission). Non, ce hic c’est la disparition soudaine de DSK des primaires socialistes et le retour en force concomitant de Martine Aubry. Pourquoi ? Tout bêtement parce Canteloup, s’il imite génialement DSK et Ségolène et très honorablement Hollande, est techniquement incapable d’imiter Martine, comme il le rappelait il y a quelques mois au Nouvel Obs. Et si jamais les primaires étaient défavorables à Hollande (pour Ségo, c’est déjà plié, un peu de sérieux, SVP), on imagine mal, à l’approche de 2012, Canteloup imitant à merveille Sarkozy et butant sur sa chalengeuse socialiste.
Cela dit tous les espoirs sont permis, puisque quand cette interview a été réalisée, en novembre dernier, Canteloup confessait aussi être incapable d’imiter DSK. Depuis, il a su, et pas qu’un peu, trouver sa voix…
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