Lorsqu’on n’est pas végétarien, on a le devoir de manger des animaux d’élevage. C’est la thèse du philosophe Nick Zangwill qui estime que ces espèces modifiées par l’homme sont incapables de vivre sans lui. Leur destin est de finir dans nos assiettes.
Avons-nous le droit de tuer et de manger des animaux ? En posant cette question, on peut s’attendre à être enseveli sous une avalanche, non seulement de réponses négatives stridentes, mais aussi de réprobations haineuses pour avoir osé la poser. Car, en dépit du fait que la vaste majorité des êtres humains reste carnivore, la scène médiatique est occupée par des idéologues pour lesquels avaler un steak constitue un vice faisant partie d’un ensemble de péchés cardinaux dont les carnivores seraient coupables : la cruauté envers les animaux, la destruction de la planète, la promotion du capitalisme néolibéral et le maintien du patriarcat.
Un philosophe britannique, Nick Zangwill, vient de jeter un pavé dans la mare en publiant deux articles qui soutiennent que nous devons manger de la viande. Notez bien que c’est une question non de permission mais de devoir : nous avons une obligation envers certains animaux de les manger. L’accueil réservé à ces publications n’a pas été des plus chaleureux.
Des animaux bien élevés
Chercheur à l’University College London, Zangwill présente son argument dans deux articles publiés en 2021, l’un dans une revue universitaire et l’autre dans Aeon, un magazine culturel qui connaît un succès considérable dans le monde anglophone[1]. La thèse qu’il y défend est que les êtres humains héritent d’une obligation qui leur est imposée par le fait que leurs ancêtres ont passé des millénaires à élever certaines espèces animales expressément pour la consommation. Nous devons perpétuer ce système car si vaches, porcs, moutons et poulets existent aujourd’hui en si grand nombre, c’est uniquement grâce à l’homme. Certes, la motivation d’origine était égoïste, puisqu’il s’agissait de s’en nourrir, mais il y a une contrepartie : l’homme les a protégés des dangers de la vie sauvage et, la plupart du temps, leur a garanti une vie relativement confortable. Aujourd’hui, ces
