Voici donc le petit Jean Sarkozy, 23 ans, promis à la présidence de l’EPAD, Etablissement Public d’Aménagement de la Défense, premier quartier d’affaire d’Europe et gigantesque pompe à fric, s’il en est. Lorsque la plupart de ses congénères en appellent à leur parentèle pour les aider à trouver un premier stage en entreprise, l’élu du canton de Neuilly-sur-Seine-sud, lui, va se trouver propulsé au sommet du World Trade Center français. CDI, limite d’âge 65 ans, ce qui lui permet de voir venir.
Pistonné ? Vous rigolez, s’écrie Xavier Bertrand. Il s’est toujours fait tout seul, Jean… plus jeune conseiller général de France grâce au seul suffrage des Neuilléens. C’est vrai que personne n’est obligé de voter Sarkozy, même à Neuilly. Puis, au moment de choisir un président de groupe UMP au conseil du département le plus riche de France, là encore ça n’a pas fait un pli. C’était tellement évident que tous les vieux briscards du 9-2, connus pour leur sens du sacrifice, se sont spontanément désistés en faveur de leur benjamin. Faudrait vraiment avoir mauvais esprit pour penser que son père y est pour quoi que ce soit !
Pour l’Epad, c’est pareil. Dans les Hauts-de-Seine, tout le monde vous le dira : Jean, il est encore plus doué que son père au même âge. Nicolas, lui, avait dû attendre 27 ans pour s’emparer de la mairie de Neuilly, le nul ! Faudrait être con pour se passer d’un Sarko comme ça sans même réfléchir.
Evidemment, cette carrière éclair qu’il ne doit qu’à son mérite, ça n’a pas manqué de faire des jaloux. On est en France. La gauche raille son « incompétence ». Le Parisien s’est même cru autorisé à rappeler qu’il n’avait obtenu que 12,5/20 aux examens de première année de droit, mention passable, avant d’interrompre provisoirement ses études… pour cause d’entrée précoce en politique. Entrée brillante, aux municipales de Neuilly, dont se souvient parfaitement David Martinon. Il lui doit son poste de consul de France à Los Angeles, où il monte des concerts de rock, de quoi se plaint-il ?
C’est qu’avant de trouver sa voie Jean Sarkozy s’est beaucoup cherché, il ne voulait surtout rien devoir à ses parents, ce qui a sans doute un peu retardé son cursus universitaire. Lorsque Villepin croyait tenir les Nagy Bosca pour de supposés comptes Clearstream, petit Jean pensait faire carrière sur les planches. Le metteur en scène Philippe Hersant affirme l’avoir choisi à l’aveugle pour un rôle dans la pièce Oscar. Le jeune homme s’était présenté à une audition sous le nom de sa mère, Marie Cuglioli. Il lui avait trouvé, dit-il, « un charisme énorme, une très bonne diction, et le sens de l’improvisation ». Toutes choses qui, même si elles ne sont pas enseignées à Science po, font merveille en politique. Jean ne tardera pas à s’en rendre compte, déclinera finalement le rôle et se lancera dans la carrière à Neuilly-sur-Seine. Mais cette fois, bien sûr, en se présentant sous le pseudonyme de son père.
Face au procès en « népotisme » instruit par les bien-pensants, Jean Sarkozy reste de marbre, droit dans ses bottes. Pour bien montrer qu’il ne s’attend pas à hériter de l’Elysée pour son trentième anniversaire, il a courageusement repris ses études à la Sorbonne, malgré un emploi du temps bien rempli. Comme l’a magnifiquement expliqué son amie Isabelle Balkany, si un jour il veut faire autre chose que de la politique (!), il doit avoir un bagage universitaire. Le jeune président du groupe UMP des Hauts-de-Seine a donc passé ses partiels de février. Avec ses nouvelles responsabilités, trouvera-t-il encore le temps de continuer à bucher jusqu’au CAPA ? Il serait le premier étudiant-Pdg de France. Classe, non ?
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !