Qui était réellement Néandertal ? Était-il ce rustre mal dégrossi qu’on imagine ? Comment vivait-il et quels ont été ses liens avec Sapiens ? Voilà les questions auxquelles Sylvana Gondoni et Jean-François Mondot nous promettent des réponses dans leur essai chez Dunod. Une mise à jour des découvertes récentes sur l’homme de Néandertal qui nous permet de mieux comprendre nos origines.
Derrière un titre plutôt accrocheur, qui conduit d’ailleurs à visualiser une famille de néandertaliens installée sur la plage de Valras, on trouve un ouvrage de « vulgarisation » d’excellente facture et surtout remarquablement plaisant à lire.
Pour être clair, je suis toujours fasciné par le travail des paléo-anthropologues, que l’on appelait aussi plus simplement les préhistoriens, et par leur capacité à nous projeter vers un passé lointain, celui de nos ancêtres, tout en nous les rendant particulièrement proches.
Les techniques scientifiques modernes ont contribué à remettre en cause la vision que l’on pouvait avoir de cet homme de Néandertal, frustre, poilu, avec un menton prognathe, bref un sauvage. L’Homo sapiens est venu mettre de l’ordre dans tout cela, en faisant disparaître cette espèce de primitif ! Néandertal est en réalité un proche parent, un écologiste avant l’heure, une sorte de hippie qui nous a fait oublier le yéti du passé.
Découvertes scientifiques
Comme souvent, les effets de mode conduisent à l’exagération, et si cet homme de Néandertal a de nombreux traits communs avec les Européens d’aujourd’hui, il semble bien différent, comme le révèle la science.
La première découverte de ces vestiges date de 1856, dans la vallée allemande du Néander. Thal signifie vallée en allemand, ce qui explique la dénomination qui en est issue. Cette découverte a suscité des interprétations très variables, le vestige originel a été considéré très sérieusement comme « un malade », « un celte dégénéré », tandis que les jambes arquées de premier squelette étaient sans doute liées à sa pratique de l’équitation. Le professeur Herman Shaffhausen a été le premier à défendre la thèse de l’homme archaïque, ce qui lui a suscité bien des critiques.
Néandertal doit être vu aujourd’hui comme un allié contre les obscurantismes qui rejettent la théorie de l’évolution. Charles Darwin est intervenu deux ans après cette première découverte, et encore aujourd’hui il peut susciter l’opprobre de certains fondamentalistes chrétiens tout comme certaines catégories d’islamistes qui restent attachés au dessein créationniste. C’est dire si aujourd’hui cet ouvrage relèverait quasiment de l’utilité publique. Car pour rendre cette découverte du milieu du XIXe siècle intelligible, il faut se défaire de cette version biblique de l’histoire du vivant pour adopter une grille de lecture donnant le premier rôle à l’évolution et à la transformation des êtres. Les travaux publics qui accompagnent la révolution industrielle favorisent, avec des extractions de carrières, la multiplication de découvertes. Honneur aux anciens mais Cro-Magnon, premier ancêtre d’Homo sapiens est découvert plus tardivement, en Dordogne, en 1868.
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Pour autant, il existe un préjugé qui perdure, celui de la brute épaisse, tout comme son arcade sourcilière, en raison de la proximité que l’on croit pouvoir observer, notamment dans les travaux de Marcelin Boule, qui étudie le premier néandertalien français trouvé en Corrèze, en 1908. Cet homme était pourtant enterré, mais les préjugés que l’on qualifierait aujourd’hui de racistes, cherchent à hiérarchiser les espèces entre elles. Le Néandertal se situe donc entre l’homme de Java et l’Homo sapiens, on n’oserait pas dire aujourd’hui de type européen, d’autant que sapiens sapiens vient d’Afrique. Paradoxalement Néandertal est assimilé aux « races africaines », alors que la génétique nous a appris que ces soi-disant singes n’étaient pas si éloignés que cela de nos amis scandinaves, tels que l’on peut se les représenter.
Différents détails anatomiques, notamment au niveau du crâne, entretiennent la thèse de l’animalité de notre cousin. Pour autant les différences existent même si d’après les auteurs, leur petite taille, leur développement musculaire, aurait pu leur donner toute leur place dans la mêlée au rugby.
Un homme venu du froid
L’homme venait du froid et a su, entre -400 000 et -40 000 s’y adapter. Néandertal a connu trois cycles interglaciaires. La petite taille de Néandertal correspond sans doute, tout au long d’une longue période, à une adaptation au froid, ce que l’on retrouve dans d’autres espèces animales. Les besoins énergétiques sont très largement supérieurs à ceux de sapiens, notamment en matière de protéines animales et de lipides. L’examen du bol alimentaire montre que Néandertal consommait entre 5 000 à 6 000 calories par jour, ce qui relèverait du régime des Inuits. Les chercheurs ont également confirmé la pratique du cannibalisme, même si l’on ne sait pas vraiment si cela était lié à un rite de type religieux ou à une exigence alimentaire. Cette pratique a pu se retrouver également chez l’Homo sapiens, y compris au paléolithique.
Comme toutes les espèces humaines l’origine de Néandertal est africaine mais…
>> Lire la fin de l’article sur le site de la revue Conflits <<
Sylvana Gondoni et Jean François Mondot, Néandertal à la plage. Nos frères disparus dans un transat, Dunod éditions, 2024.
Néandertal à la plage: Nos frères disparus dans un transat
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