« Non, ne sifflez personne ! » implore Emmanuel Macron, hier soir, devant la foule rassemblée au Champ de Mars, alors qu’il vient d’évoquer les électeurs de Marine Le Pen. Le président réélu espérait célébrer sa victoire dans une ambiance apaisée, après 15 jours de comédie sur une menace fasciste soi-disant à nos portes…
Dimanche 17 avril, à Marseille, devant un panorama méditerranéen de toute beauté, sous l’œil attendri de son professeur de maintien et d’art dramatique qui est également son épouse, le jeune président-directeur-général de la société France, avait réuni tous les éléments de sa force de vente, augmentés des membres de leur famille et de quelques thuriféraires locaux. Il a présenté les nouveaux « process » qu’il leur faudra suivre, pour la bonne marche de l’entreprise. « Inclusif », « territoire », « process », le vocabulaire de la macronie ministérielle est l’arme de destruction massive de la mémoire et de la culture de ce pays.
Derrière Emmanuel M., avance la petite armée de ceux qui le soutiennent et espèrent tirer un profit ou un emploi de sa victoire, véritables singes de leur maître (très semblables en cela, d’ailleurs, aux employés de M. Mélenchon, ces derniers sur un mode moins policé). L’Europe est l’ultime recours de M. Macron, qui veut désencombrer l’univers numérique de son héritage français énorme et jugé malfaisant. Mais il s’agit d’une vision européenne très particulière, très étroite, qui refuse le legs éblouissant de cette partie du monde, et rend le beau projet d’union détestable aux yeux de nombreux, sincères et estimables partisans de sa réussite sous une autre forme.
Dans sa tentative, il aura le concours de l’impayable Charles Michel, président du Conseil européen, auquel Ursula von der Leyen, son ennemie intime, dut sa relégation humiliante sur un sofa turc lors d’une visite au Sultan. Au reste, la présidente de la Commission européenne déploie un zèle linguistique considérable pour précipiter l’« intégration » des peuples d’Europe au « monde global ». Si sa langue natale est l’allemand, elle ne prononce ses
