Le Pape François a réagi au terrible naufrage de Crotone. Les ONG sont en quelque sorte des passeurs «bénévoles»
Après la noyade de 70 personnes au large de la Calabre, le Pape François a demandé dimanche l’arrestation des trafiquants d’êtres humains lors de l’Angélus.
Le Pape revenait sur le terrible naufrage d’un bateau surchargé de migrants, provenant du port turc d’Izmir. Sur 200 passagers au moins, venus d’Irak, d’Iran, de Syrie et d’Afghanistan, on déplore 70 morts dont 15 enfants. « Que ces voyages d’espoir ne se transforment plus jamais en voyages de la mort », a-t-il déclaré avant d’ajouter : «Que les trafiquants d’êtres humains soient arrêtés, qu’ils ne continuent pas à disposer de la vie de tant d’innocents ! »
On sait le Pape François très sensible au sort des migrants. Ce n’est pas la première fois qu’il dénonce les passeurs, mais c’est la première fois qu’il les désigne comme les premiers responsables des noyades et qu’il demande leur arrestation. Ceci est d’autant plus remarquable qu’en Italie, le ministre des Transports, Matteo Salvini, est sur la sellette pour l’arrivée tardive des secours.
L’Europe n’a-t-elle pas aussi sa part de responsabilité ?
C’est la position traditionnelle du Pape, celle qu’il rappelle habituellement. D’ordinaire, il fustige l’égoïsme des Européens et prône un accueil inconditionnel. Or, cette position est devenue intenable. L’Europe ne peut tout simplement pas accueillir toute la misère du monde, et elle en prend déjà sa large part.
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Hasard du calendrier: la justice des hommes semble rejoindre la justice divine, si j’ose dire. Saisie par un contribuable parisien, vendredi 3 mars, la Cour administrative d’appel a annulé une subvention de 100 000 euros accordée par la mairie de Paris à « SOS-Méditerranée » en 2019. Selon la Cour, l’activité de l’ONG n’est pas d’intérêt local (il n’y a donc aucune raison de la faire financer par le contribuable parisien), et surtout, cette subvention représentait une immixtion de la municipalité dans la politique étrangère, une prérogative du gouvernement. Toujours selon la Cour administrative d’appel, dans sa délibération lors de l’octroi de la subvention, la municipalité reprenait à son compte les critiques de l’ONG contre la politique migratoire européenne (laquelle nous accuse bien sûr, comme le Pape, d’être d’affreux égoïstes), d’une certaine façon.
Si cette décision est confirmée par le Conseil d’Etat, cela risque d’être très problématique pour toutes ces associations « no border » très dépendantes des subventions.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
Cette décision montre que les ONG ne se contentent pas de secourir, mais qu’elles agissent comme des convoyeurs. En quelque sorte, elles sont des passeurs « bénévoles », donc les complices objectifs des passeurs dénoncés par le Pape – même si ce n’est pas la même chose, car elles elles ne le font pas pour de l’argent.
Inciter les gens à partir, à prendre des risques, leur garantir qu’ils seront secourus et leur faire croire qu’ils trouveront ici une vie meilleure alors que la plupart des sociétés européennes sont bien au-delà de leurs capacités d’accueil et d’intégration, c’est irresponsable.
Le Pape et le tribunal administratif nous rappellent ainsi opportunément que les bons sentiments peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
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